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« Les Coquelin »

par Francine DELACROIX * Biographie

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Constant Coquelin jeune

CONSTANT COQUELIN dit Coquelin aîné (1841-1909)

Constant Coquelin naît le 25 janvier 1841 à Boulogne-sur-Mer. Il est l’aîné d’une famille de quatre enfants. Ses parents tiennent une boulangerie-pâtisserie, rue de l’Écu. Il leur faut élever au mieux leurs enfants dans l’espoir qu’ils prennent leur succession. Mais les travaux du fournil ne passionnent guère Constant qui, avec sa voix juste et bien timbrée, préfère la chanson et la comédie. Déjà, à l’école du père Taverne, il s’amuse pendant les récréations à déclamer Les Dialogues des morts de Fénelon. (1) Plus tard, au collège de Boulogne, il développe ses qualités de comédien et se fait apprécier dans le cercle des amateurs de théâtre. Ses moments de loisirs, il les consacre aux représentations que viennent donner, pendant la saison des bains de mer, les grands comédiens de l’époque: Bocage, Frédéric Lemaître (2), Dejazet (3)… Une représentation d’Adrienne Lecouvreur d’Eugène Scribe avec la grande Rachel (4) confirme sa vocation théâtrale. Le 15 mai 1858, il apparaît pour la première fois en public sur les tréteaux d’une salle appelée La Baraque. Un an plus tard, il se fait applaudir au théâtre municipal dans Le Mousse, une pièce d’Emile Souvestre. Mais son père ne voit pas cette vocation théâtrale d’un très bon œil: « Il a un bon métier, une bonne affaire en main ! Il serait fou de tout quitter ».
Sa mère réussit à convaincre son mari de laisser Constant descendre à Paris pour y préparer le concours d’entrée au Conservatoire d’Art Dramatique. Il est admis le 29 novembre 1859 dans la classe de Régnier de la Brière (5) qui décèle très vite le talent et les qualités de son élève : « Il a le nez retroussé, la bouche bien fendue et l’œil intelligent des valets ».
Lors des concours de fin d’année, le 23 juillet 1860, il obtient le deuxième prix de comédie avec le rôle de Crispin dans Les Folies amoureuses de Jean-François Régnard ce qui lui vaut de signer une semaine plus tard, le 1er août 1860, son premier contrat de Pensionnaire à la Comédie Française. On lui confie d’abord les rôles d’utilités. Il en profite pour s’imprégner du talent des maîtres de la maison, observant leur façon de jouer, notant leur style et leurs attitudes. Ce n’est que le 7 décembre 1860 qu’il interprète son premier rôle important. Il s’agit de Gros-René dans Le Dépit amoureux de Molière. Comme l’a prévu son professeur au Conservatoire, il excelle dans les rôles de valets du répertoire classique. En 1862, son interprétation de Figaro dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais lui vaut son premier grand succès. Le public s’habitue très vite à ses qualités de comédien, à sa vivacité et à cette originalité qui tranchent avec la solennité de la Comédie Française. Pour le critique dramatique Francisque Sarcey, il est: « l’une des plus brillantes espérances de la comédie ».

Coquelin joue avec un succès soutenu Les Fourberies de ScapinLes PlaideursDon Juan, et de nombreuses autres pièces du répertoire classique. Il reprend le rôle du marquis dans Le Joueur de Jean-François Régnard, de Don Annibal dans L’Aventurière d’Emile Augier, du prince dans Fantasio d’Alfred de Musset.

Nommé Sociétaire en 1864, il commence alors à jouer des auteurs contemporains comme Eugène Scribe (6), Jules Sandeau (7) , Alexandre Dumas père et fils et surtout Victor Hugo qu’il sert avec talent. Il crée successivement, entre autres rôles, les personnages d’Anatole dans Une Loge d’opéra ( Jules Lecomte, 1862 ), de Gagneux dans Jean Baudry ( Auguste Vacquerie, 1863 ), de Michaud dans La Maison de Penarvan ( Jules Sandeau, 1863 ), d’Aubin dans Mycille (1863), de Tabarin dans la pièce du même nom ( Paul Ferrier, 1871 ), de Langlumeau dans Le Testament de César Girodot ( Adolphe Belot et Villetard, 1873 ), de Roblot dans Jean de Thommeray ( Émile Augier et Jules Sandeau, 1874 ), de Charveroul dans Chez l’avocat ( Paul Ferrier, 1875 ), de Filippo dans Le Luthier de Crémone ( François Coppée, 1876 ), du duc de Septmonts dans L’Étrangère ( Dumas fils, 1876 ), de Léopold dans Les Fourchambault ( Émile Augier, 1878 ).

Dans le même temps, Coquelin se lie d’amitié avec Gambetta, un jeune avocat dont le nom commence à résonner dans l’enceinte du barreau parisien. Il lui présente Waldeck-Rousseau, un confrère dont il fera plus tard son ministre de l’Intérieur et qui va prendre en main les affaires de Coquelin lors de ses démêlés avec la Comédie Française.

La passion de son métier, son travail sur les personnages, conduisent Coquelin à interpréter aussi bien des rôles comiques que romantiques. Il définit son art dans un ouvrage publié en 1880 : L’Art et le Comédien dans lequel il explique son travail sur la voix, le ton, l’articulation, la diction afin d’être bien entendu du public. Mais aussi, son intérêt pour la ressemblance physique. Il écrit d’autres publications: Le Misanthrope ( 1881 ); Les Comédiens par un Comédien ( 1883 ); Tartuffe ( 1884 ); L’Art de dire le monologue, avec son frère Coquelin cadet ( 1884 ).

Vingt ans de Comédie Française, l’admiration de la presse et du public ainsi que quelques très fructueuses tournées à l’étranger lui donnent l’envie de retrouver sa liberté. Son tempérament libre et impétueux lui vaut alors quelques sérieux ennuis avec la maison de Molière. Surtout avec son règlement issu des décrets du 27 germinal an XII, du 15 octobre 1812 ( Moscou ), du 17 octobre 1816, du 27 avril 1850 et du 19 novembre 1859. C’est à Charles-François Rémusat, préfet du Palais sous le Consulat, que revient l’honneur de son organisation. Les comédiens forment entre eux une Société sous durée limitée. Ils sont nommés par le gouvernement et peuvent être mis à la retraite au bout de vingt ans et même, depuis 1859, au bout de dix ans. Mais cette retraite, ils n’y ont pas droit: le gouvernement peut refuser leur démission, s’il le juge utile aux intérêts de l’art; et, s’ils quittent le théâtre sans permission, ils encourent la déchéance de tous les avantages qui leur sont dûs.

Des avantages qui ne sont pas négligeables. C’est une pension de retraite dont l’État et les Sociétaires ont la charge commune; c’est la restitution de leur part sociale dans les recettes ayant servi à l’exploitation du théâtre. Mais l’article 85 du décret de Moscou, qui ne fait que reproduire les dispositions antérieures, interdit par contre au sociétaire retraité de partir sur aucune autre scène de théâtre, soit en France, soit à l’étranger, sans la permission du gouvernement.

Les aventures de Coquelin avec la Comédie Française vont donner matière à un feuilleton aux multiples rebondissements et prendre une tournure politique rarement vue au théâtre. En 1880, l’Administrateur général, Émile Perrin apprend par la presse que, sans même avoir sollicité un congé, Constant Coquelin s’apprête à aller jouer à Londres avec Sarah Bernhardt, elle-même en rupture de contrat avec la Comédie Française. Gambetta, Président de la Chambre des Députés intervient pour soutenir son ami Constant qui donne malgré tout sa démission, le 31 mai 1880, avant de revenir quelque temps plus tard sur sa décision.

L’incident est clos. Le temps passe. Mais Coquelin a de plus en plus envie de prendre sa retraite en espérant pouvoir jouer sur d’autres scènes et même diriger un théâtre. Six ans plus tard, l’affaire d’Adeline Dudiay, une Sociétaire réintégrée par le ministre contre l’avis du Comité, lui donne l’occasion d’une démission définitive le 28 février 1886. Le Comité refuse à l’unanimité de l’accepter. L’Administrateur général Jules Claretie (8) écrit alors à Coquelin une de ces lettres caressantes, où l’orgueil le plus farouche aurait trouvé quelque saveur. Il lui parle de cette Comédie Française « qui lui doit et qui lui a donné tant de gloire ». Ce à quoi Coquelin répond: « Ma résolution est irrévocable. Je ne veux pas être subalternisé par les bureaux ».

La Comédie Française est toujours tentée de le retenir. Coquelin propose un arrangement financier aux exigences inacceptables pour le théâtre. Le ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, René Goblet, s’interpose en prenant l’arrêté du 7 octobre 1886, aux termes duquel la démission et le départ à la retraite sont acceptés.

Coquelin est confirmé alors au rang des Sociétaires pensionnaires. Il lui est interdit, conformément à l’article 85 du décret de Moscou, de jouer dans aucun théâtre de France sans l’autorisation expresse du ministre.

Coquelin riposte en organisant alors avec son fils Jean une série de représentations à l’étranger. Pendant deux ans, la fortune accompagne l’immense succès qu’il rencontre en Russie, à Londres, à Constantinople, en Alsace-Lorraine, et aux États-Unis où il achève sa tournée américaine par une brillante représentation au Star Théâtre de New-York. Au retour de ce voyage, la nostalgie du public parisien le conduit à demander son retour à la Comédie Française. Jules Claretie y est favorable. Mais le Comité, en accord avec le nouveau ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, Édouard Lockroy, refuse les conditions proposées par Constant Coquelin. Le 15 mai 1889, il donne sa représentation de retraite sur la scène de la Comédie Française et repart pour un an aux États-Unis d’où il demande le versement de ses fonds sociaux qui est liquidé, le 25 février 1889.

À son retour, malgré le refus, signifié par Raoul Fallières, nouveau Ministre de l’Instruction Publique, de jouer sur aucun autre théâtre français, la presse annonce déjà le retour de Coquelin sur quelques scènes. Ses démêlés avec l’administration de la Comédie Française au sujet de ses tournées en province contraires à ses engagements continuent d’alimenter la une des journaux et les conversations des salons parisiens. Après avoir accepté un engagement avantageux au théâtre de La Porte Saint-Martin, il y renonce par crainte de poursuites judiciaires. Il demande à revenir comme Pensionnaire à la Comédie Française. Le Ministre donne son accord pour un contrat d’un an renouvelable. Ce retour se complique par les engagements qu’il a contractés avec l’étranger et qu’on l’autorise à honorer en lui accordant des possibilités de congés.

Il reprend quelques-uns de ses anciens rôles du répertoire: Gros-René du Dépit amoureux, Scapin, Diafoirus du Malade imaginaire et Gringoire de Théodore de Banville. II crée avec un soin tout particulier le personnage de Labussière dans le fameux drame révolutionnaire de Victorien Sardou, Thermidor, interdit par Clémence dès la troisième représentation, après avoir été autorisé par la censure le 25 janvier 1891.

C’est sa dernière création dans la maison de Molière. Coquelin, ne pouvant se résoudre à ne pas jouer sur d’autres scènes, reprend ses tournées avec une troupe entièrement constituée par lui. Outre le répertoire classique, il joue ses dernières créations, y compris Thermidor, sur les scènes européennes et américaines ( 1892-1893 ). En 1894, il crée Les Cabotins de Victor Koning, Arthur Emmanuel et Jules rival, à Lyon, et se produit ensuite au Théâtre de la Renaissance dirigé par Sarah Bernhardt, étoile au firmament de la scène, avec qui il a déjà joué Ruy-Blas de Victor Hugo et La Tosca de Victorien Sardou. Elle offre à « son grand coq » de se lancer dans de nouveaux personnages du théâtre de Molière: Sosie d’Amphitryon et Sganarelle du Médecin malgré lui. Quelques temps plus tard, Sarah lui présente Edmond Rostand, un jeune auteur de vingt-sept ans qui vient de lui écrire La Princesse Lointaine et qui est en préparation pour elle de La Samaritaine, L’auteur et l’acteur se lient d’amitié et sur-le-champ. «  Vous portez en vous la force des vainqueurs, poètes et idéalistes… Si vous voulez, je serai votre premier colporteur d’idéal  ». Edmond Rostand destine à Constant, le rôle principal de Cyrano de Bergerac.

En 1895, la Comédie Française, estime que la liquidation de sa pension de retraite enlève à son ancien Sociétaire le droit de lui créer une sorte de concurrence en jouant sur d’autres scènes. Elle lui intente un procès pour qu’il cesse ses représentations et respecte ses engagements. Au cours d’une audience qui attire le Tout-Paris théâtral et malgré la défense subtile et talentueuse de son avocat Waldeck-Rousseau, Constant est condamné le 14 mars 1895 à 500 francs d’amendes et de dommages et intérêts pour chaque représentation qu’il donnerait à Paris et en province. Au mépris de cette décision, il continue de paraître au Théâtre de La Porte Saint-Martin et vole alors de succès en fortune. Il fait salle comble en 1896, en reprenant le personnage de Labussière dans Thermidor avant de jouer Messire Du Guesclin de Paul Déroulède et Fanfan la Tulipe de Paul Meurice.

L’affaire ne s’arrête pas là. Après une longue bataille de procédure ( appel, pourvois en cassation… ), et les interventions embarrassées du Président du Conseil, Jules Méline, du ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, Alfred Rambaud, de Waldeck-Rousseau, une transaction est enfin trouvée. Coquelin verse un dédit de 100.000 francs, paie le montant des condamnations prononcées contre lui, accepte de ne pas percevoir sa pension de retraite pendant tout le temps où il jouera à Paris et en province jusqu’à sa réintégration dans la Maison, prévue en 1899. Qu’il ne réintégrera évidemment pas ! De guerre lasse, les autorités finissent par céder. Avec l’arrêté ministériel du 2 août 1899, Coquelin retrouve alors une liberté totale et peut enfin se consacrer à ces rôles qui vont couronner sa carrière.

Sa vie se confond alors avec le théâtre de la Porte Saint-Martin dont il prend possession en 1896 avec son fils Jean. Il s’y fait adopter et aimer par un public amateur de sincérité, de fougue, de vivacité et d’imagination. On vient de partout pour le voir. La création de Cyrano dont la générale a lieu le 28 décembre 1897, est le plus grand événement théâtral parisien. Le succès est considérable. On joue à guichets fermés et le quartier connaît ses plus grands embouteillages. Coquelin donne toute la mesure de son talent et de sa virtuosité. « Il est l’âme de cette pièce. L’âme vivante, turbulente, maniérée, exquise. Quel comédien ! Quel merveilleux comédien ! Toujours en scène et y mettant tous les autres qu’il échauffe de sa verve » écrit le critique Francisque Sarcey. Neuf-cent-vingt-sept représentations plus toutes celles données dans d’autres théâtres lui assurent une gloire éternelle. Pourtant, avant la générale, le doute commence à s’installer chez l’auteur. À quelques minutes du lever de rideau Constant Coquelin essaie de le rassurer avec ces paroles  : «  Vous m’avez donné un chef d’œuvre  ». L’ovation qui salue la fin du premier acte lui donne raison. Le public est bouleversé par le dernier acte. Quand le rideau tombe sur les derniers saluts, Coquelin se tourne vers Rostand :

« Ça c’est un rôle ! Je lance le vers dans la salle et je le reçois en écho sur le nez  ».
Le lendemain de cette brillante soirée, Edmond Rostand encore ému et bouleversé écrit à son acteur porte-bonheur  : « C’est à l’âme de Cyrano que je voulais dédicacer ce poème mais puisqu’elle a passé en vous, Coquelin, c’est à vous que je le dédie  ».

Dès lors, il devient l’interprète préféré d’Edmond Rostand qui lui voue une profonde admiration. En 1901, après avoir cédé la direction du théâtre de la Porte Saint-Martin à son fils Jean, il accepte de jouer le rôle de Flambeau dans L’Aiglon, dans le nouveau théâtre que Sarah Bernardt vient de prendre sur la place du Châtelet. Il ne peut rien refuser à son envoûtante admiratrice ainsi qu’à son ami Rostand.

Et quand le poète lui propose Chantecler, écrit pour sa voix claironnante et sa fougue lyrique, il est captivé par le rôle insolite du Coq. Ce coq qui orne verres, tasses et divers objets de son bureau mais aussi un amical sobriquet dont l’affublent affectueusement Sarah et ses amis comédiens: « Coquelin est un coq ! », Il désire vivement monter cette pièce et travaille son personnage avec ardeur, il dit à ses amis  : «  Chantecler dépasse en beauté Cyrano  ». Peu de temps avant la répétition au Théâtre de la Porte Saint-Martin, l’acteur tombe soudain malade. Pour se remettre il part dans sa maison à Pont aux Dames mais il sera foudroyé par une embolie le 27 janvier 1909. Pour le monde entier, ému par sa disparition, le fils du boulanger de Boulogne-sur-Mer est devenu l’une des plus grandes figures du théâtre français. Edmond Rostand bouleversé par la disparition de son ami a eu ces mots  :  «  Adieu  ! Mon ami  ! Je ne me consolerai pas. Ces feuillets que vous touchiez encore le matin de votre mort et auxquels vous m’avez fait l’honneur déchirant de vos dernières joies sont à vous, à votre fils Jean. Lorsqu’en pleurant, il les retrouvera dans vos papiers, lui seul décidera de leur sort  ». C’est en 1910 que la pièce sera créée par Jean Rostand. Edmond Rostand s’éteint à son tour le 2 décembre 1918.

Lors des concours de fin d’année, le 23 juillet 1860, il obtient le deuxième prix de comédie avec le rôle de Crispin dans Les Folies amoureuses de Jean-François Régnard ce qui lui vaut de signer une semaine plus tard, le 1er août 1860, son premier contrat de Pensionnaire à la Comédie Française. On lui confie d’abord les rôles d’utilités. Il en profite pour s’imprégner du talent des maîtres de la maison, observant leur façon de jouer, notant leur style et leurs attitudes. Ce n’est que le 7 décembre 1860 qu’il interprète son premier rôle important. Il s’agit de Gros-René dans Le Dépit amoureux de Molière. Comme l’a prévu son professeur au Conservatoire, il excelle dans les rôles de valets du répertoire classique. En 1862, son interprétation de Figaro dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais lui vaut son premier grand succès. Le public s’habitue très vite à ses qualités de comédien, à sa vivacité et à cette originalité qui tranchent avec la solennité de la Comédie Française. Pour le critique dramatique Francisque Sarcey, il est: « l’une des plus brillantes espérances de la comédie ».

Coquelin joue avec un succès soutenu Les Fourberies de ScapinLes PlaideursDon Juan, et de nombreuses autres pièces du répertoire classique. Il reprend le rôle du marquis dans Le Joueur de Jean-François Régnard, de Don Annibal dans L’Aventurière d’Emile Augier, du prince dans Fantasio d’Alfred de Musset.

Nommé Sociétaire en 1864, il commence alors à jouer des auteurs contemporains comme Eugène Scribe (6), Jules Sandeau (7) , Alexandre Dumas père et fils et surtout Victor Hugo qu’il sert avec talent. Il crée successivement, entre autres rôles, les personnages d’Anatole dans Une Loge d’opéra ( Jules Lecomte, 1862 ), de Gagneux dans Jean Baudry ( Auguste Vacquerie, 1863 ), de Michaud dans La Maison de Penarvan ( Jules Sandeau, 1863 ), d’Aubin dans Mycille (1863), de Tabarin dans la pièce du même nom ( Paul Ferrier, 1871 ), de Langlumeau dans Le Testament de César Girodot ( Adolphe Belot et Villetard, 1873 ), de Roblot dans Jean de Thommeray ( Émile Augier et Jules Sandeau, 1874 ), de Charveroul dans Chez l’avocat ( Paul Ferrier, 1875 ), de Filippo dans Le Luthier de Crémone ( François Coppée, 1876 ), du duc de Septmonts dans L’Étrangère ( Dumas fils, 1876 ), de Léopold dans Les Fourchambault ( Émile Augier, 1878 ).

Dans le même temps, Coquelin se lie d’amitié avec Gambetta, un jeune avocat dont le nom commence à résonner dans l’enceinte du barreau parisien. Il lui présente Waldeck-Rousseau, un confrère dont il fera plus tard son ministre de l’Intérieur et qui va prendre en main les affaires de Coquelin lors de ses démêlés avec la Comédie Française.

La passion de son métier, son travail sur les personnages, conduisent Coquelin à interpréter aussi bien des rôles comiques que romantiques. Il définit son art dans un ouvrage publié en 1880 : L’Art et le Comédien dans lequel il explique son travail sur la voix, le ton, l’articulation, la diction afin d’être bien entendu du public. Mais aussi, son intérêt pour la ressemblance physique. Il écrit d’autres publications: Le Misanthrope ( 1881 ); Les Comédiens par un Comédien ( 1883 ); Tartuffe ( 1884 ); L’Art de dire le monologue, avec son frère Coquelin cadet ( 1884 ).

Vingt ans de Comédie-Française, l’admiration de la presse et du public ainsi que quelques très fructueuses tournées à l’étranger lui donnent l’envie de retrouver sa liberté. Son tempérament libre et impétueux lui vaut alors quelques sérieux ennuis avec la maison de Molière. Surtout avec son règlement issu des décrets du 27 germinal an XII, du 15 octobre 1812 ( Moscou ), du 17 octobre 1816, du 27 avril 1850 et du 19 novembre 1859. C’est à Charles-François Rémusat, préfet du Palais sous le Consulat, que revient l’honneur de son organisation. Les comédiens forment entre eux une Société sous durée limitée. Ils sont nommés par le gouvernement et peuvent être mis à la retraite au bout de vingt ans et même, depuis 1859, au bout de dix ans. Mais cette retraite, ils n’y ont pas droit: le gouvernement peut refuser leur démission, s’il le juge utile aux intérêts de l’art; et, s’ils quittent le théâtre sans permission, ils encourent la déchéance de tous les avantages qui leur sont dûs.

Des avantages qui ne sont pas négligeables. C’est une pension de retraite dont l’État et les Sociétaires ont la charge commune; c’est la restitution de leur part sociale dans les recettes ayant servi à l’exploitation du théâtre. Mais l’article 85 du décret de Moscou, qui ne fait que reproduire les dispositions antérieures, interdit par contre au sociétaire retraité de partir sur aucune autre scène de théâtre, soit en France, soit à l’étranger, sans la permission du gouvernement.

Les aventures de Coquelin avec la Comédie Française vont donner matière à un feuilleton aux multiples rebondissements et prendre une tournure politique rarement vue au théâtre. En 1880, l’Administrateur général, Émile Perrin apprend par la presse que, sans même avoir sollicité un congé, Constant Coquelin s’apprête à aller jouer à Londres avec Sarah Bernhardt, elle-même en rupture de contrat avec la Comédie Française. Gambetta, Président de la Chambre des Députés intervient pour soutenir son ami Constant qui donne malgré tout sa démission, le 31 mai 1880, avant de revenir quelque temps plus tard sur sa décision.

L’incident est clos. Le temps passe. Mais Coquelin a de plus en plus envie de prendre sa retraite en espérant pouvoir jouer sur d’autres scènes et même diriger un théâtre. Six ans plus tard, l’affaire d’Adeline Dudiay, une Sociétaire réintégrée par le ministre contre l’avis du Comité, lui donne l’occasion d’une démission définitive le 28 février 1886. Le Comité refuse à l’unanimité de l’accepter. L’Administrateur général Jules Claretie (8) écrit alors à Coquelin une de ces lettres caressantes, où l’orgueil le plus farouche aurait trouvé quelque saveur. Il lui parle de cette Comédie Française « qui lui doit et qui lui a donné tant de gloire ». Ce à quoi Coquelin répond: « Ma résolution est irrévocable. Je ne veux pas être subalternisé par les bureaux ».

La Comédie Française est toujours tentée de le retenir. Coquelin propose un arrangement financier aux exigences inacceptables pour le théâtre. Le ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, René Goblet, s’interpose en prenant l’arrêté du 7 octobre 1886, aux termes duquel la démission et le départ à la retraite sont acceptés.

Coquelin est confirmé alors au rang des Sociétaires pensionnaires. Il lui est interdit, conformément à l’article 85 du décret de Moscou, de jouer dans aucun théâtre de France sans l’autorisation expresse du ministre.

Coquelin riposte en organisant alors avec son fils Jean une série de représentations à l’étranger. Pendant deux ans, la fortune accompagne l’immense succès qu’il rencontre en Russie, à Londres, à Constantinople, en Alsace-Lorraine, et aux États-Unis où il achève sa tournée américaine par une brillante représentation au Star Théâtre de New-York. Au retour de ce voyage, la nostalgie du public parisien le conduit à demander son retour à la Comédie Française. Jules Claretie y est favorable. Mais le Comité, en accord avec le nouveau ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, Édouard Lockroy, refuse les conditions proposées par Constant Coquelin. Le 15 mai 1889, il donne sa représentation de retraite sur la scène de la Comédie Française et repart pour un an aux États-Unis d’où il demande le versement de ses fonds sociaux qui est liquidé, le 25 février 1889.

À son retour, malgré le refus, signifié par Raoul Fallières, nouveau Ministre de l’Instruction Publique, de jouer sur aucun autre théâtre français, la presse annonce déjà le retour de Coquelin sur quelques scènes. Ses démêlés avec l’administration de la Comédie Française au sujet de ses tournées en province contraires à ses engagements continuent d’alimenter la une des journaux et les conversations des salons parisiens. Après avoir accepté un engagement avantageux au théâtre de La Porte Saint-Martin, il y renonce par crainte de poursuites judiciaires. Il demande à revenir comme Pensionnaire à la Comédie Française. Le Ministre donne son accord pour un contrat d’un an renouvelable. Ce retour se complique par les engagements qu’il a contractés avec l’étranger et qu’on l’autorise à honorer en lui accordant des possibilités de congés.

Il reprend quelques-uns de ses anciens rôles du répertoire: Gros-René du Dépit amoureux, Scapin, Diafoirus du Malade imaginaire et Gringoire de Théodore de Banville. II crée avec un soin tout particulier le personnage de Labussière dans le fameux drame révolutionnaire de Victorien Sardou, Thermidor, interdit par Clémence dès la troisième représentation, après avoir été autorisé par la censure le 25 janvier 1891.

Le 25 janvier 1892, la Comédie-Française crée La Mégère apprivoisée de Shakespeare dans une adaptation versifiée de Paul Delair et lui offre de jouer Petruccio.

C’est sa dernière création dans la maison de Molière. Coquelin, ne pouvant se résoudre à ne pas jouer sur d’autres scènes, reprend ses tournées avec une troupe entièrement constituée par lui. Outre le répertoire classique, il joue ses dernières créations, y compris Thermidor, sur les scènes européennes et américaines ( 1892-1893 ). En 1894, il crée Les Cabotins de Victor Koning, Arthur Emmanuel et Jules rival, à Lyon, et se produit ensuite au Théâtre de la Renaissance dirigé par Sarah Bernhardt, étoile au firmament de la scène, avec qui il a déjà joué Ruy-Blas de Victor Hugo et La Tosca de Victorien Sardou. Elle offre à « son grand coq » de se lancer dans de nouveaux personnages du théâtre de Molière: Sosie d’Amphitryon et Sganarelle du Médecin malgré lui. Quelques temps plus tard, Sarah lui présente Edmond Rostand, un jeune auteur de vingt-sept ans qui vient de lui écrire La Princesse Lointaine et qui est en préparation pour elle de La Samaritaine, L’auteur et l’acteur se lient d’amitié et sur-le-champ. «  Vous portez en vous la force des vainqueurs, poètes et idéalistes… Si vous voulez, je serai votre premier colporteur d’idéal  ». Edmond Rostand destine à Constant, le rôle principal de Cyrano de Bergerac.

En 1895, la Comédie-Française estime que la liquidation de sa pension de retraite enlève à son ancien Sociétaire le droit de lui créer une sorte de concurrence en jouant sur d’autres scènes. Elle lui intente un procès pour qu’il cesse ses représentations et respecte ses engagements. Au cours d’une audience qui attire le Tout-Paris théâtral et malgré la défense subtile et talentueuse de son avocat Waldeck-Rousseau, Constant est condamné le 14 mars 1895 à 500 francs d’amendes et de dommages et intérêts pour chaque représentation qu’il donnerait à Paris et en province. Au mépris de cette décision, il continue de paraître au Théâtre de La Porte Saint-Martin et vole alors de succès en fortune. Il fait salle comble en 1896, en reprenant le personnage de Labussière dans Thermidor avant de jouer Messire Du Guesclin de Paul Déroulède et Fanfan la Tulipe de Paul Meurice.

L’affaire ne s’arrête pas là. Après une longue bataille de procédure (appel, pourvois en cassation…  et les interventions embarrassées du Président du Conseil, Jules Méline, du ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, Alfred Rambaud, de Waldeck-Rousseau, une transaction est enfin trouvée. Coquelin verse un dédit de 100.000 francs, paie le montant des condamnations prononcées contre lui, accepte de ne pas percevoir sa pension de retraite pendant tout le temps où il jouera à Paris et en province jusqu’à sa réintégration dans la Maison, prévue en 1899. Qu’il ne réintégrera évidemment pas ! De guerre lasse, les autorités finissent par céder. Avec l’arrêté ministériel du 2 août 1899, Coquelin retrouve alors une liberté totale et peut enfin se consacrer à ces rôles qui vont couronner sa carrière.

Sa vie se confond alors avec le théâtre de la Porte Saint-Martin dont il prend possession en 1896 avec son fils Jean. Il s’y fait adopter et aimer par un public amateur de sincérité, de fougue, de vivacité et d’imagination. On vient de partout pour le voir. La création de Cyrano dont la générale a lieu le 28 décembre 1897, est le plus grand événement théâtral parisien. Le succès est considérable. On joue à guichets fermés et le quartier connaît ses plus grands embouteillages. Coquelin donne toute la mesure de son talent et de sa virtuosité. « Il est l’âme de cette pièce. L’âme vivante, turbulente, maniérée, exquise. Quel comédien ! Quel merveilleux comédien ! Toujours en scène et y mettant tous les autres qu’il échauffe de sa verve » écrit le critique Francisque Sarcey. Neuf-cent-vingt-sept représentations plus toutes celles données dans d’autres théâtres lui assurent une gloire éternelle. Pourtant, avant la générale, le doute commence à s’installer chez l’auteur. À quelques minutes du lever de rideau, Constant Coquelin essaie de le rassurer avec ces paroles  : «Vous m’avez donné un chef d’œuvre». L’ovation qui salue la fin du premier acte lui donne raison. Le public est bouleversé par le dernier acte.

Quand le rideau tombe sur les derniers saluts, Coquelin se tourne vers Rostand :

«Ça c’est un rôle ! Je lance le vers dans la salle et je le reçois en écho sur le nez ».

Le lendemain de cette brillante soirée, Edmond Rostand encore ému et bouleversé écrit à son acteur porte-bonheur  : «C’est à l’âme de Cyrano que je voulais dédicacer ce poème mais puisqu’elle a passé en vous, Coquelin, c’est à vous que je le dédie».

Dès lors, il devient l’interprète préféré d’Edmond Rostand qui lui voue une profonde admiration. En 1901, après avoir cédé la direction du théâtre de la Porte Saint-Martin à son fils Jean, il accepte de jouer le rôle de Flambeau dans L’Aiglon, dans le nouveau théâtre que Sarah Bernardt vient de prendre sur la place du Châtelet. Il ne peut rien refuser à son envoûtante admiratrice ainsi qu’à son ami Rostand.

Et quand le poète lui propose Chantecler, écrit pour sa voix claironnante et sa fougue lyrique, il est captivé par le rôle insolite du Coq. Ce coq qui orne verres, tasses et divers objets de son bureau mais aussi un amical sobriquet dont l’affublent affectueusement Sarah et ses amis comédiens: « Coquelin est un coq ! », Il désire vivement monter cette pièce et travaille son personnage avec ardeur, il dit à ses amis  : «  Chantecler dépasse en beauté Cyrano  ». Peu de temps avant la répétition au Théâtre de la Porte Saint-Martin, l’acteur tombe soudain malade. Pour se remettre il part dans sa maison à Pont aux Dames mais il sera foudroyé par une embolie le 27 janvier 1909. Pour le monde entier, ému par sa disparition, le fils du boulanger de Boulogne-sur-Mer est devenu l’une des plus grandes figures du théâtre français. Edmond Rostand bouleversé par la disparition de son ami a eu ces mots  :  «  Adieu  ! Mon ami  ! Je ne me consolerai pas. Ces feuillets que vous touchiez encore le matin de votre mort et auxquels vous m’avez fait l’honneur déchirant de vos dernières joies sont à vous, à votre fils Jean. Lorsqu’en pleurant, il les retrouvera dans vos papiers, lui seul décidera de leur sort  ». C’est en 1910 que la pièce sera créée par Jean Rostand. Edmond Rostand s’éteint à son tour le 2 décembre 1918.

Comédien, directeur de théâtre, organisateur de tournées en Europe et dans le monde, « star » incontestable de son temps, la vie de Constant Coquelin a été marquée par une boulimie de travail et une popularité hors du commun. Ses tournées ont fait l’objet de rencontres avec des personnalités de tous bords et dans tous les domaines des arts, des lettres et de la politique. Ambassadeur des planches, il a rencontré Edouard VII, Léopold II, le Roi des Belges. L’empereur Guillaume II qui lui vouait une admiration sans bornes invitait régulièrement ce brillant tireur à la chasse dans son château de Huizé-Doome et lui a même offert un glaive de chasse. « Le grand Coq » fut reçu par le roi de Saxe, le roi de Wurtemberg, le couple royal de Roumanie et le roi de Bavière qui lui fit cadeau d’un encrier en argent. Élisabeth de Roumanie, femme de lettres plus connue sous le pseudonyme de «Carmen Sylva», le conviait à sa table comme un ami. En Turquie, le Sultan Abdul-Hamid le combla d’honneurs. Partout dans le monde, on a couvert Constant de cadeaux et on s’est empressé autour de lui comme on l’aurait fait d’un grand diplomate.

Soucieux du sort des vieux comédiens démunis, désireux de leur assurer une fin de vie paisible et heureuse, l’œuvre qui lui fut la plus chère, est cette Maison de Retraite des Vieux Comédiens (appelée désormais Maison nationale des Artiestes) de Pont-aux-Dames (9) qu’il fonda après avoir été nommé Président de l’Association des Artistes Dramatiques.

(1) Fénelon (1651-1715), homme d’église, théologien et écrivain français
(2) Frédéric Lemaître (1800-1876), un des plus célèbres acteurs du Boulevard du Crime à Paris. Il créa le rôle de Kean d’Alexandre Dumas
(3) Virginie Dejazet (1789-1875), grande actrice qui donna son nom à la salle de spectacle située boulevard du Temple
(4) Rachel (1821-1858), grande tragédienne dans son interprétation des pièces de Corneille et de Racine
(5) François Philoclès Régnier de la Brière ( 1807-1885 ). Joue aux théâtre de Montparnasse, de Metz, de Nantes, du Palais Royal. Pensionnaire de la Comédie Française le 6 novembre 1831. Sociétaire le 1er avril 1835. Retraité le 10 avril 1871. Régisseur général de la Comédie Française puis Directeur de scène à l’Opéra
(6) Eugène Scribe ( 1791-1861), auteur dramatique, passionné de théâtre et aussi librettiste. Il composa des comédies, des vaudevilles et des livrets d’opéra
(7) Jules Sandeau (1811-1883), romancier et auteur dramtique. Connu aussi pour sa liaison avec l’auteur George Sand
(8) Jules Claretie (1840-1913) , administrateur de la Comédie Française de 1885 à 1913 mais aussi romancier et auteur dramatique
(9) Couilly Pont aux Dames (77 860)Francine Delacroix

in : Les Coquelin
Société historique de Rueil-Malmaison 1998
avec leur aimable autorisation

Ernest COQUELIN dit Coquelin cadet (1848-1909)

par Francine DELACROIX

Comme son frère aîné Constant, il naît à Boulogne-sur-Mer le 16 mai 1848. À quinze ans, il part dans une institution en Angleterre pour y apprendre l’anglais en échange de leçons de français. Ce n’est pas une réussite et très vite, il demande à rentrer à Boulogne. Son père lui obtient une place d’employé à la Compagnie des Chemins de fer. Mais la vente des billets et l’enregistrement des bagages ne le passionnent guère. Dès que ses chefs ont le dos tourné, il récite des vers, se lance dans des tirades ou des fragments de scènes héroïques de Ruy Blas ou du Cid

Admiré par ses collègues mais incompris de ses supérieurs, il doit démissionner. C’est sans regret qu’il quitte les Chemins de fer car, comme son frère, il a la passion du théâtre. Pour avoir vu Constant se produire en débutant dans des cafés-concerts à Boulogne, pour avoir repris à son compte les scènes jouées par son frère, il ne pense plus qu’à devenir comédien. Son père ne l’entend pas ainsi : « Il y a assez d’un acteur dans la famille ». Mais son décès en 1864 libère la vocation de son fils. Constant, déjà Sociétaire de la Comédie Française fait venir son frère à Paris et le fait entrer au Conservatoire d’Art Dramatique, dans la classe de Régnier de la Brière. Le célèbre professeur détourne Ernest des emplois de jeunes premiers auxquels il veut se destiner : « Vous avez l’œil riant, la tête droite, le nez de la famille… vous êtes un comique ».

Il reste trois ans au Conservatoire. Dès la deuxième année, il obtient un second accessit. Au concours de 1867, il reçoit le premier prix de comédie avec le rôle de Sosie dans Amphitryon de Molière. Il débute alors au Théâtre de l’Odéon dans L’Anglais ou le fou déraisonnable de Joseph Patrat. Il connaît un réel succès, aidé en cela par son accent britannique. Le lendemain de la première représentation, Jules Barbey d’Aurevilly 1 écrit dans Le Nain Jaune : « Il a joué avec une sobriété qui a donné à son personnage une netteté de lignes et de relief incomparables. L’accent y est. Un accent guttural qui ajoute aux moindres mots une expression si étonnante ! Mais il n’y est pas trop ; il y est dans le nuancé juste d’un art consommé. C’est bien cela ! »

Il reste un an au théâtre de l’Odéon mais son ambition est d’entrer à la Comédie-Française. Il n’attend pas très longtemps car le 8 juin 1868, il est engagé comme Pensionnaire pour y jouer Petit Jean dans Les Plaideurs de Racine. Le voilà donc auprès de son frère aîné. Pour différencier les deux hommes, on les surnomme « Coquelin aîné » et « Coquelin cadet ». Il joue ensuite don Bazile dans Le Barbier de Séville de Beaumarchais 2 (12 juin 1868), Trissotin dans Les Femmes Savantes (21 juin 1868), Scapin (29 juillet 1868), Pasquin dans Le Jeu de L ‘Amour et du Hasard d’ Alfred de Musset 3 (5 juin 1870).

Il reprend presque tous les rôles de son frère mais sans le même succès à l’exception du personnage de Thomas Diafoirus du Malade Imaginaire qu’il interprète pendant plus de vingt ans. Il vit surtout dans l’ombre de son aîné attendant l’occasion de se montrer dans une importante création.

Lorsqu’éclate la guerre de 1870, il participe à la Bataille de Buzenval. 4 Sa conduite exemplaire pour la défense de Paris, lui vaut la médaille militaire. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à monter régulièrement sur les planches de la Comédie-Française et de soutenir vaillamment, en ces jours de combat, toutes les actions de bienfaisance de la République en faveur des plus défavorisés. Il n’opposera d’ailleurs, sa vie durant, jamais le moindre refus à quelque sollicitation caritative que ce soit. Humaniste, généreux, attentif à la souffrance humaine, dévoué à la cause sociale, il sera fait Officier de la Légion d’Honneur en 1903.

En 1875, déçu de ne pas être nommé Sociétaire, il songe alors à quitter la Comédie-Française et décide de tenter sa chance dans les théâtres de genre. Malgré une belle proposition du Théâtre du Palais Royal, il opte pour le Théâtre des Variétés où il apparaît sans grand succès dans la première représentation de La Guigne, une comédie-vaudeville en trois actes de Eugène Labiche 5 , Leterrier et Van Loo. Mal à l’aise avec des acteurs comme Léonce et Baron dont la bouffonnerie lui semble manquer de finesse, il reste peu de temps dans ce théâtre. Très vite, il s’en retourne à la Comédie Française où il remonte sur les planches dans le rôle de Frédéric de L’Ami Fritz, une création d’ Émile Erckmann et Alexandre Chatrian qui lui vaut son premier grand succès.

Il est enfin nommé Sociétaire le 1er janvier 1879. Flatté mais pas vraiment comblé, il lui faut conquérir le public parisien. C’est le temps des cabarets, des salons et du monologue. Tout Paris en raffole. La découverte des monologues excentriques de Charles Cros 6 , alliant l’humour britannique à la verve montmartroise, enthousiasme Emest qui les apprend et s’en va les dire aussi bien au Chat Noir 7 que dans les salons huppés de la bonne société parisienne. Son frère l’accompagne allègrement dans l’aventure. L’engouement du public, les comptes-rendus des journaux, lui assurent immédiatement popularité et fortune. Il ouvre lui-même un salon où sont invitées les plus importantes personnalités de l’État, du monde artistique, littéraire et musical. Les grands journaux satiriques de l’époque dont Le Gil-Blas et Le Tintamarre lui ouvrent leurs colonnes. Sous le pseudonyme de Pirouette, il écrit des monologues qu’il publie dans Le Monologue moderne (1881) et L’Art de dire le monologue, co-écrit avec Constant en 1884.

Il s’intéresse aux poètes et prend part à leurs luttes littéraires. Grand amateur de peinture, il acquiert grâce à sa fortune, des œuvres de Corot, Sisley, Fantin-Latour et quelques autres grands peintres de son temps. Son dernier rôle à la Comédie-Française qu’il quitte en 1907, est celui de l’Abbé Merlin dans L’Amour veille de De Flers et Caillavet.

La fin de sa vie est marquée du sceau de la tristesse et du désespoir. Après avoir fait beaucoup rire, il sombre dans une profonde mélancolie. Ne pouvant plus demeurer dans son appartement parisien du boulevard Malesherbes, il est conduit à la clinique du Docteur Valentin Magnan (1835-1916), une maison de santé de Suresnes où séjourne également la fille de Victor Hugo, Adèle. C’est là qu’avec d’infinies précautions les médecins lui apprennent le décès de son frère. Il lui survit dix jours et meurt le 9 février 1909.

Ses obsèques solennelles célébrées le 12 février en l’église de Suresnes attirent de nombreuses personnalités parmi lesquelles Edmond Rostand et son épouse, Albert Carré 8 et Tristan Bernard 9. Après que les honneurs militaires lui soient rendus, Jules Claretie, Administrateur général de la Comédie Française et Mounet-Sully 10 retracent sa carrière. L’inhumation a lieu dans sa ville natale de Boulogne-sur-Mer. En hommage aux frères Coquelin, une statue, exécutée par Auguste Maillard, représentant les deux comédiens sous un buste de Molière, est inaugurée deux ans plus tard, le 16 juillet 1911.

Jules- Amédée Barbey d’Aurevilly (1808-1889), romancier satanique auteur des Diaboliques, journaliste polémiste
2 Pierre Caron de Beaumarchais (1732-1799), auteur de pièces de théâtre brillantes et pétillantes dont les ressorts essentiels sont la verve et l’ironie corrosive : Le Barbier de SévilleLe Mariage de Figaro
3 Alfred de Musset (1810-1857) poète né à Paris, subit l’influence romantique dans le cercle de Victor Hugo. Écrit aussi des pièces de théâtre  : Les Caprices de MarianneLorenzaccio
4 À Rueil-Malmaison
5 Eugène Labiche (1815-1888) auteur de nombreux vaudevilles  : Le Voyage de Monsieur PerrichonLe Chapeau de paille d’Italie
6 Charles Cros (1842-1888), poète qui fréquenta les cercles et cafés littéraires de la bohème de l’époque, rencontra les poètes Paul Verlaine et Arthur Rimbaud. Il est connu pour ses monologues comme Le Hareng Saur qu’il récitait lui-même dans le cabaret Le Chat Noir
7 Le Chat Noir, cabaret créé par Rodolphe Salis (1881), 84 boulevard Rochechouard. Ce lieu a inspiré de nombreux artistes montmartois. Il était connu aussi pour ses spectacles d’ombres chinoises
8 Albert Carré (1852-1938), comédien, metteur en scène, dramaturge, librettiste. Il a dirigé plusieurs théâtres à Paris  : le Vaudeville, le Gymnase, l’Opéra Comique. De 1914 à 1915, il a été administrateur de la Comédie-Française. Dans le domaine de l’opéra, il fit découvrir des compositeurs comme Jules Massenet, Claude Debussy. Il avait un jugement musical pointu, une grande science de la mise en scène.
L’Association de la Régie théâtrale, dans ses collections de mises en scène lyriques, possède un très grand nombre de ses mises en scène annotées
9 Tristan Bernard (1866-1947), romancier et auteur dramatique. Parmi ses pièces  : Les Pieds nickelésLa SauvageLa Petite femme de Loth
10 Jean-Sully Mounet, dit Mounet-Sully (1841-1916), entré à la Comédie-Française en 1872, devenu sociétaire en 1874, doyen en 1894. Il a interprété avec talent tous les grands rôles du répertoire jusqu’en 1915

Francine Delacroix
in Les Coquelin
Société historique de Rueil-Malmaison 1998
avec leur aimable autorisation

"L'Amour veille" de G. A. de Caillavet et Robert de Flers, Comédie-Française, octobre 1907.

JEAN COQUELIN (1865-1944)

Constant Coquelin a eu un excellent élève en la personne de son fils Jean, né le 1er décembre 1865 de son mariage avec Marie-Madeleine Manry, une comédienne du Vaudeville. Constant veut avant tout que son fils soit bachelier. Sur les bancs du lycée Louis-le-Grand, Jean aura pour voisin, Léon Daudet. (1)

Comme son père, comme son oncle, il a la passion du théâtre. Constant est donc son meilleur juge: « S’il est bon, ça va, sinon, il fera autre chose ! ». Il se révèle bon comédien. Sa carrière va être alors intimement liée à celle de son père. Il prend des cours chez Sylvanie Arnoult-Plessy, Sociétaire de la Comédie-Française à la retraite et ancienne élève de Samson. Il débute à Nancy en 1886 dans Grippe-Soleil du Mariage de Figaro de Beaumarchais. Sans même passer par le Conservatoire, il joue ensuite aux côtés de son père, des rôles dans tous les genres. Au terme de sa première année de théâtre, il a interprété quatre-vingt-quatre rôles parmi lesquels Louis XI dans Gringoire de Théodore de Banville, Fabrice dans L’Aventurière de Émile Augier, ou don Salluste dans Ruy Blas de Victor Hugo…

II suit son père en tournée et lorsque ce dernier revient à la Comédie-Française comme Pensionnaire, il y entre également comme Pensionnaire le 20 novembre 1890 pour débuter, exactement comme ce fut le cas pour son père, le 7 décembre 1860, dans le rôle de Gros-René dans Le Dépit amoureux. Il retrouve son oncle Ernest devenu entre temps Sociétaire. Les trois Coquelin interprètent ensemble Le Malade Imaginaire et Les Fourberies de Scapin. On peut lire sur l’affiche des Fourberies : Coquelin aîné (Argante , Coquelin cadet (Géronte), Coquelin Jean (Scapin). 1892, Jean vient de quitter le Français après dix-huit mois de présence. Il a préféré suivre son père qui vient de quitter définitivement la Comédie-Française après le succès de La Mégère apprivoisée de William Shakespeare.

La fortune sourit aux audacieux. Constant entraîne Jean dans une longue et fructueuse tournée aux États-Unis pour y présenter ce qui constitue pour eux, le fond de leur répertoire: Thermidor de Victorien Sardou (2) et La Mégère apprivoisée. De retour en France, Jean est engagé, toujours avec son père, au Théâtre de la Renaissance, dirigé alors par Sarah Bernhardt. Il y joue deux petits rôles dans Patron Bénic de Gaston de Wailly et La Princesse lointaine d’Edmond Rostand. Plus tard, alors que son père interprète Sosie dans Amphitryon, il se voit confier le rôle de Mercure.

Père et fils ont des velléités de direction théâtrale. Sarah Bernhardt qui dirige le théâtre de la Renaissance les prend comme associés. De la Renaissance à l’Ambigu, en passant par la Porte Saint-Martin, le chemin est court. Quelques mètres séparent ces trois grands théâtres parisiens qui s’alignent en effet sur le même trottoir. Jean et Constant se préoccupent de leur direction, passant alors de l’un à l’autre en toute facilité. En 1896, ils co-dirigent avec Baduel la Porte Saint-Martin et se partageront des années plus tard L’Ambigu avec Paul Gavault.

Lors de la création de Cyrano le 28 décembre 1897, Jean interprète le personnage de Ragueneau. Comme son père, il vit de cet immense succès pendant plus de neuf-cent-vingt-sept représentations à la Porte Saint-Martin et dans d’autres théâtres.

En 1897, Jean fonde avec Constant et son oncle Gustave qui les soutient financièrement, une association pour reprendre définitivement la Porte Saint-Martin, devenu depuis Cyrano, le plus prestigieux théâtre de boulevard de la capitale. Il joue dans Jean Bart de Edmond Haraucourt (1900), Quo Vadis d’après Sienckewicz (1900), Les Rouges et les Blancs de Georges Ohnet (1901), La Pompadour (1901), Nos deux consciences de Paul Anthelme (1902) .

De 1902 à 1904, Jean part pour une longue tournée mondiale avant de prendre la direction du théâtre de la Gaîté qu’il abandonne en 1907 pour retrouver sa Porte Saint-Martin. Il joue Quasimodo dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Esmeralda est interprétée par Berthe Bovy, une jeune débutante qui deviendra bientôt célèbre. De 1907 à 1912, avec Henry Hertz, il part à la conquête des auteurs à succès. Il monte L’Affaire des poisons de Victorien Sardou où son père interprète l’abbé Griffard.

En 1910, il met toute son énergie dans la somptueuse création de Chantecler d’Edmond Rostand. Il y tient le rôle du chien Patou. Mais, c’est un échec public et critique. Le style de Lucien Guitry (3) ne peut remplacer celui de Constant, décédé un an plus tôt, et pour qui Edmond Rostand avait écrit le rôle du Coq dans cette pièce.

Malgré cela, Jean qui s’est engagé corps et âme dans le grand mouvement théâtral contemporain, né de l’expérience d’Antoine (4) et de son « théâtre libre », met la Porte Saint-Martin à la disposition de la comédie dramatique. Afin de s’assurer le public de boulevard, il crée, autour de Lucien Guitry, une troupe entièrement nouvelle. Il joue avec Jane Hading dans La Femme X d’Alfred Bisson, donne la réplique à Réjane (5), Dumény et Sylvie dans L’Enfant de l’amour d’Henry Bataille, crée, toujours d’Henry Bataille, Les Flambeaux, s’assure le concours de Paul Bourget avec La Crise, reprend L’Abbé ConstantinLe Vieux marcheur de Lavedan, L’Infidèle et Amoureuse de Porto-Riche ou Le Ruisseau de Pierre Wolf…

Sa vie se partage entre la direction de la Porte Saint-Martin demeurée un des hauts lieux de la vie théâtrale parisienne et de longues tournées en Europe. La première guerre mondiale interrompt pendant un an la vie de la Porte Saint-Martin qui rouvre ses portes en février 1915. Mais avec des reprises de circonstance qui ne sont que des demi-succès. En novembre 1916, Jean Coquelin qui cherche à reclasser son théâtre, fait à nouveau appel à Henri Bataille et crée L’Amazone avec Réjane, Simone et Antoine dont ce sera la dernière apparition sur scène. À la fin de la guerre, c’est sur les planches de la Porte Saint-Martin et sur l’insistance de Jean Coquelin que Lucien Guitry renoue avec son fils Sacha qui vient de se marier avec la ravissante Yvonne Printemps. On retrouve alors « La Sainte-Trinité », comme les appelle le critique, dans Mon père avait raison et Béranger. Le public bon enfant accueille agréablement ces deux pièces écrites par Sacha Guitry. Mais ce succès ne dure pas. La guerre a coupé l’élan créateur de Jean Coquelin. Les grèves, les inquiétudes politiques et sociales du pays pèsent sur le théâtre. Le cinématographe gagne du terrain et les théâtres parisiens en souffrent. Toutes les tentatives de Jean pour retrouver le succès d’antan se soldent par des échecs, Il a alors recours à des reprises et remonte en 1920 (l’année de la mort de Réjane) Le Courrier de Lyon d’Émile Moreau, Paul Siraudin et Alfred Delacour dont il a interprété le rôle de Choppard en 1899. Le succès est médiocre.

Tournée au Brésil : au centre assis Jean est assis devant son père Constant qui le tient par le cou. ( Coll. J.-P. Coquelin )

L’Ambigu, ce temple mythique du mélodrame qu’il dirige avec Paul Gavault depuis une dizaine d’années, ne marche guère mieux. Il est obligé d’en quitter la direction en 1922. La confiance semble l’avoir abandonné. En hommage à Edmond Rostand, il crée le 9 mars 1922 à la Porte Saint-Martin, sa pièce posthume, La Deuxième nuit de Dom Juan. Ce nouvel échec suivi de quelques autres l’oblige en 1924 à céder la direction du théâtre à Maurice Lehmannn.

II continue de jouer la comédie mais le virus de la direction le tenaille toujours. En 1928, il prend les Folies Dramatiques qu’il garde jusqu’en 1930, année où il s’associe à Henri Varna pour projeter au Théâtre Marigny, le film de Charlie Chaplin, Les Temps Modernes. Cette tentative se solde par un échec et marque définitivement la fin de la carrière de Jean Coquelin comme directeur de théâtre.

En 1932, Sacha Guitry qui dirige le Théâtre de la Madeleine, lui offre le rôle de l’évêque dans La Fin du monde, Il le rappelle en 1934 pour jouer aux côtés de Jacqueline Delubac dans Mon Père avait raison. De 1930 à 1938, il tourne pour les studios de l’UFA à Berlin Le Congrès s’amuse d’Eric Charell (version française de Jean Boyer, 1931)  avec Lilian Harvey et Pierre Magnier ou La Chanson du Souvenir de Detlef Sierck (version française de Serge de Poligny, 1936)  avec Colette Darfeuil et… Pierre Magnier. En 1940, il joue au Théâtre des Arts-Hébertot dans La Dame aux camélias, aux côtés d’Edwige Feuillère et de Pierre Richard-Wilm.

Il apparaît pour la dernière fois de 1941 à 1942, sur la scène du Théâtre de la Renaissance dans Rêve d’Amour de Liszt de René Fauchois, avant de se retirer définitivement à Pont-aux-Dames où il meurt, le 1er octobre 1944. Il repose aux côtés de son père.

La vie de Jean Coquelin a été marquée par cette formidable passion de la direction théâtrale. Comme son père, il a vécu au contact des plus grands auteurs et acteurs de son temps. Avec lui, il a participé aux grandes heures du théâtre français, à la charnière des XIXe et XXe siècles. La popularité de Constant a contribué à lui forger une vie toute entière vouée à la scène et à lui permettre d’être l’un des grands animateurs de la vie théâtrale parisienne.

La ville de Rueil-Malmaison a eu l’honneur de le compter parmi ses habitants de 1912 à 1924. Son choix de s’installer dans cette ville a été guidé par son ami comédien Louis Déan qui y vivait déjà. Dans la propriété qu’il fit construire il souhaitait réunir tous les souvenirs de son père et de son oncle. L’idée d’un musée Coquelin à Rueil-Malmaison n’a malheureusement pas vu le jour.

(1) Léon Daudet (1867-1942), journaliste et écrivain , fils d’Alphonse Daudet, auteur entre autres des Lettres de mon moulin
(2) Victorien Sardou (1831-1908) auteur de comédies et de pièces historiques comme Madame Sans-Gêne
(3) Lucien Guitry (1860-1925) grand comédien, l’égal masculin de Sarah Bernhardt. Il a été directeur du Théâtre de la Renaissance
(4) André Antoine (1858-1943), fondateur du Théâtre Libre pour faire découvrir au public parisien de jeunes auteurs et aussi des auteurs étrangers. Il est l’inventeur d’une nouvelle mise en scène.
(5) Réjane (1856-1920), une des comédiennes françaises les plus populaires au début du XXè siècle aux côtés de Sarah Bernhardt. Propriétaire d’un théâtre rue Blanche à Paris auquel elle donna son nom.

Francine Delacroix
in Les Coquelin
Société historique de Rueil-Malmaison 1998
avec leur aimable autorisation

En 1940 au Théâtre des Arts Hébertot.