Le Théâtre Sarah Bernhardt en démolition * Photo Birgit
On dit la crise endémique ; après-guerre pourtant, les salles vont se multiplier. De nouveaux petits lieux, véritables creusets de renouvellement du répertoire dramatique, vont s’installer, notamment sur la Rive Gauche. Le Théâtre de Poche-Montparnasse, qui voit les débuts de Jean Vilar, le Théâtre de la Huchette, à la construction duquel participe l’actif animateur et metteur en scène Georges Vitaly, et dont La Cantatrice chauve de Ionesco est à l’affiche depuis une soixantaine d’années, sans que se démente son succès quotidien. D’autres ne sont plus que souvenirs : Les Noctambules, qui vit le triomphe de Gérard Philipe et Maria Casarès dans la pièce de Henri Pichette : Les Épiphanies, le Babylone où fut créé En attendant Godot de Beckett, le Théâtre de Lutèce où tant d’œuvres majeures furent révélées au public.
En 1951, Jean Vilar est nommé Directeur du Théâtre du Palais de Chaillot (construit en 1937 à l’emplacement de l’ancien Trocadéro) pour lequel, fidèle au rêve de Firmin Gémier, il reprend le nom de Théâtre National Populaire.
Jeanne Laurent d’abord, depuis le Secrétariat d’Etat à la Culture auprès du Ministre de l’Éducation Nationale, puis André Malraux, le visionnaire, premier d’une lignée de Ministres de la Culture engendrée par la Vème République, donnent naissance, dans la France entière, à toute une série de Théâtres subventionnés qui ne cesse de croître jusqu’à la fin du siècle.
Avec le temps, de petites scènes disparaissent tandis que d’autres naissent. Véritables phénomènes de sociétés, ces petites salles, souvent ouvertes dans des lieux inattendus, s’implantent aussi dans des quartiers excentrés dans lesquels le public est à créer.
Bernard da Costa invente le Café-Théâtre au début des années 60. En 1964, face à cette concurrence, les Théâtres Privés – « privés de subventions ! »– grâce à l’énergie de quelques hommes, Denis Maurey, Directeur du Théâtre des Variétés et actif Président du syndicat des Directeurs, Etienne Biasini pour le Ministère, avec l’aide de la Ville de Paris, créent l’Association pour le Soutien du Théâtre Privé, qui deviendra une sorte de clef de voûte de la profession, permettant aux théâtres privés, de multiplier les actions et leur mission de création des œuvres nouvelles.
L’Elysée-Montmartre puis la Gare d’Orsay, avant de devenir un Musée, abritent un instant les rêves de Jean-Louis Barrault, chassé de l’Odéon par les événements de 1968. Il transformera plus tard l’ancien Palais de Glace des Champs-Élysées, en Théâtre du Rond-Point.
Missionné par la Ville de Paris, Jean Mercure installe son nouveau concept de Théâtre de la Ville dans les murs du Théâtre Sarah Bernhardt.
Dans les années 70, une surprenante expérience, confirmée par le succès, conduit Ariane Mnouchkine à planter ses tréteaux du Théâtre du Soleil dans les bâtiments de l’ancienne Cartoucherie du Bois de Vincennes.
Peter Brook s’installe en 1974 dans une salle à l’italienne oubliée et dégradée par le temps : le Théâtre des Bouffes du Nord. Au milieu des années 1970, un grand chantier de rénovation des Théâtres privés est entrepris grâce à un emprunt à la Caisse des Dépôts et VConsignations, par l’intermédiaire de l’Association pour le Soutien des Théâtres privés et avec la garantie de la Ville de Paris. Il va permettre à plusieurs théâtres d’engager des dépenses importantes pour la remise en état de ces lieux historiques.
Le talent et l’obstination de Guy Rétoré permettent deux constructions majeures dans le désert culturel du XXème arrondissement, celle du TEP puis celle, plus récente et très réussie du Théâtre National de la Colline.