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Marc Camoletti

par Geneviève LATOUR

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Collections A.R.T.

ou le Roi du Vaudeville
(1923 – 2003)

1. Un avenir tout tracé
2. Le Triomphe
3. La Direction du Théâtre Michel
4. Quelques pièces
5. Oeuvres dramatiques
6. Extrait « Boeing Boeing »

Alors que les Parisiens découvraient les œuvres de Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Arthur Adamov… œuvres dites d’« Avant-Garde », le jeune Marc Camoletti considérait que la seule fonction du théâtre était de divertir les spectateurs. Ils ne venaient là que pour se délasser, s’amuser et rire. Quoi de meilleur que d’oublier, pour quelques heures, ses soucis et d’être joyeux !!!

Héritier d’Eugène Labiche et de Georges Feydeau, le nouvel auteur, au talent comparable à celui de ses prédécesseurs, connut un succès qu’aucun de ses congénères n’obtint jamais.

 1.   Un avenir tout tracé

Le 16 novembre 1923, le petit Marc Camolettti, d’origine italienne, naissait à Genève, au sein d’une famille d’architectes célèbres. Son grand père dessina les plans de la salle de concert en l’honneur de la reine Victoria, son père, son oncle, ses cousins, tous avaient embrassé cette profession. Aussi ses études secondaires terminées, Marc fut d’office inscrit à l’école d’architecture et dut prendre conjointement des cours de dessin et de peinture. Malheureusement, l’adolescent n’avait pas la vocation. Mais comment pouvait-il échapper à un avenir tracé d’avance ?

À la mort de son professeur de dessin A. Schoeller, le jeune homme quitta Genève et vint s’installer à Paris au début des années 1950. Il rencontra Germaine, une jeune décoratrice, d’un an sa cadette, qui souhaitait devenir directrice de théâtre. Ce fut le coup de foudre, l’amour de toute une vie. La jeune fille fit découvrir le théâtre à son jeune amoureux. Elle n’eut guère de mal à le convertir.

Quelques années plus tard, Marc Camoletti, interrogé par un journaliste sur son amour de la scène, lui répondit : « Pourquoi cette soudaine passion pour la comédie ? Est-ce que je dois évoquer l’atavisme ? Un arrière-grand père, auteur dramatique sous l’Empire ? » (1)

Des débuts au théâtre

En 1955, Marc, sans doute encouragé par Germaine, se lança dans l’écriture d’une première pièce. Assez mécontent de son ouvrage, dont le personnage principal était Don Juan, il préféra mettre en scène une œuvre d’autrui : Isabelle et le pélican, pièce comique de Marcel Franck, au théâtre Edouard VII.

Devant le succès du spectacle, Marc ne put s’empêcher de se remettre à l’écriture d’une nouvelle comédie intitulée La Bonne Anna. Il s’agissait de l’employée de maison d’un ménage dissolu, les époux se trompaient l’un l’autre sans vouloir divorcer. Maligne et ingénieuse, Anna inventait des mensonges, des quiproquos pour éviter les scènes et la rupture. Ce fut le comédien Michel de Ré qui mit la pièce en scène au théâtre des Capucines. Un soir, un acteur tomba malade, Marc n’hésita pas à le remplacer au pied levé, ainsi embrassa-t-il une seconde profession, intermittente celle-là.
Le public était heureux et riait à tous moments au cours de la longue carrière de La Bonne Anna qui fut jouée plus de 1.300 fois. Le directeur des célèbres tournées Baret, qui sillonnaient la France, mit le spectacle à son programme, c’était le succès. Plus rien désormais ne faisait peur au dramaturge débutant. Il avait trouvé sa voie : le Vaudeville.
En 1959, il retrouve Michel de Ré à la mise en scène pour Pauvre Édouard à la Comédie Wagram, puis Christian-Gérard pour L’Homme nu au Théâtre des Capucines avec Pauline Carton.

(1) M. Camoletti L’Avant scène N° 426

     2. Le Triomphe

En 1960, après avoir présenté au théâtre Fontaine Heureux mortels, Marc Camoletti connut la plus grande réussite de sa carrière : Boeing Boeing. (1) À Paris, la pièce fut jouée pendant plus de dix-neuf années, de 1960 à 1979. En 1962, l’auteur reprenant, le rôle de Bernard, personnage principal de la pièce, se fit applaudir comme comédien.
En 1965, ce fut la gloire : la Paramount présenta une version cinématographique de la pièce avec Jerry Lewis et Tony Curtis dans les rôles principaux. Longtemps après sa création parisienne, Boeing Boeing, traduite en langues étrangères, poursuivit sa brillante carrière à travers l’Europe.
Puis, en 1991, la pièce fut inscrite dans le Livre Guinness des Records comme la comédie la plus jouée dans le monde.Marc Camoletti était devenu riche et célèbre… Et ce ne fut pas tout : cinq ans après le décès de l’auteur, le 15 juin 2008, dans une version anglaise, l’illustre metteur en scène britannique, Matthew Warchus, reçut le prix de la Meilleure reprise et celui du Meilleur acteur principal.

Après le triomphe, les succès

Le 18 septembre 1963, le rideau du théâtre Edouard VII se leva sur un nouvel ouvrage : Sémiramis, c’était le nom d’un parfum qui rendait les hommes irrésistibles et causait bien des drames au sein des ménages. Sans avoir la réussite époustouflante de Boeing Boeing, le spectacle eut beaucoup de succès. D’ailleurs quelle pièce, signée Marc Camoletti, aurait été un véritable échec ? Aucune. Toutes ne furent pas des triomphes, mais aucune ne déçut le public et la critique.
Alors que l’on répétait le spectacle suivant Secretissimo au Théâtre des Ambassadeurs, dans une mise en scène de Jacques Charon (2) de la Comédie-Française, Marc Camoletti, faisant allusion à ses premières études, affirma que : « le théâtre était un peu comme de la peinture qui bouge , les personnages, des tâches de couleur et les actions , des lignes qui se rencontrent ». (3)

L’année suivante, le théâtre des Nouveautés afficha La Bonne adresse, pièce dans laquelle il était prouvé que lorsqu’on passe une annonce dans un journal, il faut qu’elle soit explicite et précise, sinon on risque des malentendus. À la sortie du théâtre, une spectatrice s’écria : « J’ai ri comme une folle ! »  et ses amis d‘acquiescer, eux aussi s’étaient bien amusés et avaient beaucoup applaudi.

À quelques mois de là, se référant à la formule « on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même », fin février 1968, Marc Camoletti mit en scène, au Théâtre Edouard VII, sa dernière comédie : L’Amour propre(4)« Si l’amour est aveugle, déclara-t-il, par contre il est bavard et, dès qu’on ne le laisse plus parler, ou qu’on ne parle plus de lui, chacun a l’impression que l’amour a changé d’adresse, de gîte, de couvert et surtout de lit ». (5)
Alors que le Tout Paris considérait le couple Marc et Germaine Camoletti comme le plus fidèle, le plus exemplaire, le plus aimant, le plus attentif l’un à l’autre, Marc se complaisait à écrire des histoires de cocuage et de fornication. Les maris trompaient leurs épouses et réciproquement. On était en droit de supposer que pour Camoletti, c’était une manière déconcertante de glorifier son propre bonheur conjugal.

(1)  cf  Quelques pièces
(2) Sociétaire honoraire de la Comédie Française
(3) Article de Marcel Achard L’Avant Scène premier semestre 1965
(4) cf  Quelques pièces
(5)  Marc Camoletti L’Avant Scène N° 426

3. La Direction du Théâtre Michel

Pour présider aux destinées du Théâtre des Célestins de Lyon, Jean Meyer, Sociétaire honoraire de la Comédie-Française, quitta en 1972 la direction du charmant théâtre Michel, de 350 places, sis dans le VIIIème arrondissement rue des Mathurins. L’occasion était trop belle. Germaine Camoletti, qui rêvait depuis des années d’administrer une salle de spectacles, n’eut guère de mal à convaincre, une fois de plus, son mari de partager son souhait. Dorénavant, le nom des époux Camoletti s’étalaient sur toutes les affiches du théâtre Michel.

Quelle joie que de mettre en scène une de ses pièces dans son propre théâtre !!!

Marc connut ce plaisir lorsqu’il présenta, en janvier 1973, Duos sur canapé. Il s’agissait une fois encore d’un couple désuni. Lui était avocat, elle chirurgien-dentiste. Après leur divorce, l’un ne voulant pas céder la place à l’autre, ils décidèrent de partager leur appartement en le séparant en deux. Les arrivées prévisibles et imprévisibles de la maîtresse et de l’amant entraînèrent des quiproquos, des insultes, des scènes. Comme dans les bons vaudevilles tout finit, naturellement, par rentrer dans l’ordre.
La pièce ne fut pas un triomphe, mais reçut néanmoins un accueil très favorable du public, bien que la presse se montra quelque peu sévère :  « Ces Duos sur canapé ne sont pas du Mozart… Mais, ils sont distrayants. Ils s’écoutent fredonner ».(1) Le spectacle fut, toutefois, affiché plus de 2.000 fois.
En 1979, invité par la société C.A.A. (Consortium d’achats audiovisuels), notre auteur eut le grand plaisir de réaliser, pour l’écran, Duos sur canapé dont il écrivit le scénario. Il eut pour vedettes Jean Lefebvre et Michel Galabru dans les principaux rôles.
En septembre 1976, Marc Camoletti présenta son nouveau spectacle sur la scène de SON Théâtre: Happy Birthday  (2) dont le sujet sera repris dans Pyjama pour six.
L’intrigue tournait autour du mensonge dont les deux époux faisaient usage pour se berner l’un l’autre… La critique, une fois encore, fut excellente : « Le vaudeville de Camoletti a l’efficacité – impayable – des comédies de boulevard tricotées main. Les situations s’enchaînent avec la logique cruelle et sournoise du rire… ». (3)  La comédie triompha à Londres et connut une très longue carrière à Paris.

Au cours de la comédie suivante : On dînera au lit, une épouse, croyant que son mari la trompait, se confia à une conseillère du cœur. Cette dernière, l’encouragea à participer à un « sex group » afin de se libérer de la routine conjugale. Invité à se joindre à son épouse, le conjoint s’y refusa. Une fois de plus, cascade de désaccords, d’injures, d’imbroglios qui mettaient en joie les spectateurs du théâtre Michel.

En 1984, Marc Camoletti fit une infidélité à son propre théâtre et présenta Le Bluffeur au théâtre de la Michodière avant que la pièce ne fût reprise au théâtre des Variétés. Un mari exemplaire se posait des questions au sujet de la fidélité de sa femme. Pour l’inquiéter à son tour, il cherchait à la bluffer, il se pourrait bien que lui aussi…

Tra-la-la … Mais de toute façon, il était perdant, car pour lui la femme était toujours gagnante parce qu‘elle savait se faire désirer. Le sujet aurait pu être celui d’une tragédie de l’amour mais l’auteur aimait trop s’amuser en écrivant une pièce pour que celle-ci soit dramatique…
Deux ans plus tard, ce fut le succès de Mon cœur sur la commode : « Un vaudeville pas comme les autres » (4) : un homme et une femme, timides et vulnérables, font connaissance. Elle, romantique et un peu sosotte, lui, inhibé et en mal d’affection, avaient tout pour se plaire et former un couple heureux, au sein d’un foyer douillet… Eh oui, mais rien n’est jamais facile en amour !

Avril 1990, s’étant épris d’une comédie anglaise : Bisous, Bisous de l’auteur anglo-saxon Derek Benfield, Marc Camoletti n’avait de cesse de l’afficher à son théâtre. Dans le dossier de presse, l’héroïne se présentait comme une épouse qui aurait eu la malencontreuse idée de revenir de voyage sans prévenir, d’où une fois de plus : «  quiproquos + mensonges + malentendus = rires ». En fait une charmante caleçonnade qui s’inscrivait parfaitement dans l’ensemble des œuvres de son adaptateur.

En 1993, ce fut Sexe et jalousie qui fut montée par Marc Camoletti sur la scène du théâtre Michel. Si un mari aime sa conjointe, il tient à elle et son amour conjugal se manifeste tant par la tendresse que par la sexualité, et même par l’instinct de propriété. Si donc un autre homme semble s’intéresser à sa femme, l’époux, poussé par la jalousie, n’a qu’un désir, se venger. Rencontrant donc l’amant de sa compagne, il lui laisse le choix : soit de lui livrer sa propre épouse, soit d’être tué. Par instinct de conservation, Robert choisit la première solution. Mais, pour préserver son honneur, il engage une comédienne Barbara, complice consentante, pour se faire passer pour sa femme…  Face aux applaudissements fournis de la salle, la presse ne peut qu’approuver : «  C’est pour s’amuser qu’écrit Marc Camoletti, le public le sait bien qui, fidèle, le suit de pièce en pièce, bon enfant et rieur. C’est efficace, rapide et d’autant plus sympathique que c’est bien joué… ». (5)

Tout était donc au bonheur dans le couple Camoletti.  Mais, en cette triste année 1994, une immense douleur atteignit Marc, le jour où dans ses bras, la tête sur son épaule, Germaine mourut…

Marc poursuivit seul la direction du Théâtre Michel.Trois ans plus tard, il mettait en scène Voyage de noces. Imaginez qu’un de vos amis vous invite à l’accompagner à un cocktail chez de riches et charmants sud-américains. L’ambiance est chaleureuse, le buffet copieux, le caviar délicieux. Une très agréable soirée ! Et pourtant, le lendemain matin , en vous réveillant, vous trouvez à côté de vous, dans votre lit, un danseur homosexuel. Certains spectateurs se montrèrent un peu choqués mais, en réalité, ils s’amusèrent bien comme l’ensemble de la salle. Ils avaient bien raison parce que ce Voyage de noces fut l’une des dernières comédies de l’auteur .

Le temps passait… Au seuil d’une vieillesse impitoyable, Marc Camoletti dut abandonner son théâtre dont il transmit le flambeau à son fils Jean-Christophe, ainsi qu’à Ariane, l’épouse de ce dernier.
Le 18 juillet 2003, Marc Camoletti s’éteignit à Deauville.

À la cérémonie des obsèques, Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture et de la Communication, se fit un devoir de rendre hommage au défunt : «  Le théâtre perd l’auteur qui avait sans doute su porter le vaudeville au firmament d’un succès indéformable. Il restera présent dans la mémoire de millions de spectateurs, à Paris, dans toute la France et à l’étranger, à qui il aura fait partager la magie du théâtre ».

Durant toute la carrière de Marc Camoletti, certains de ses spectacles eurent un tel succès qu’après son décès, quelques directeurs les remirent à l’affiche de leurs théâtres, ainsi en fut-il pour Boeing BoeingLa Bonne adresseLa Bonne AnnaDuos sur canapé … Et en 2012, Pyjama pour six fut adapté par un théâtre de Broadway sous le titre Don’t dress for dinner.

(1) Minute 9 janvier 1973
(2) cf  Quelques pièces
(3) Fabienne Pascaud Télérama 30 décembre 1987
(4)  Nicolas Choffel Le Figaro 28 septembre 1989
(5)  Armelle Héliot Le Quotidien de Paris 29 mars 1993

4.  Quelques pièces.

          BOEING BOEING

Comédie en trois actes, créée le 10 décembre 1960, au théâtre de la Comédie Caumartin sous l’égide du Théâtre du Club des quatr’ jeudis, (créé et dirigé par le comédien Christian Alers), interprétée par François Guérin, Barbara Sommers, Christiane Muller, Christian Alers, Perrette Pradier, Anne Doat, mise en scène de Christian Gérard.

Analyse

Le frivole Bernard croit avoir trouvé une solution aux problèmes que cause la polygamie. Après avoir rencontré trois amoureuses, il leur promet à chacune le mariage. Ce sont trois hôtesses de l’air, de nationalités et de compagnies différentes. Elles ne risquent pas de se rencontrer, car leurs horaires ne concordent pas. Sinon qu’un jour, pour cause de conditions atmosphériques déplorables, les avions ne peuvent respecter leurs programmes. Ce serait le drame, si Robert, un vieil ami de Bernard, ne venait pas à sa rescousse.

Critiques

«  La pièce de Marc Camoletti a la simplicité des grands classiques. Il a parfaitement réussi son vaudeville à la Feydeau… ».
Paul Gordeaux France-Soir

« Vaudeville jeune, frais, sans l’ombre d’une vulgarité, sans un atome de banalité, utilisant de nombreux personnages féminins, bien de notre temps et qui roule et qui vole (cf Boeing Boeing ) avec une bonne humeur, une gaieté, une gentillesse, des délicatesses comiques, charmantes. J’ai passé une très joyeuse soirée.
Marcelle Capron Combat

« C’est un gentil petit vaudeville, bien venu, vif, aimable… Monsieur Camoletti sait faire courir les répliques. Et sans effort. On entre on sort. On devrait se rencontrer, on ne se rencontre pas… Quand le théâtre boulevardier est ainsi fait je l’aime bien ».
Pierre Marcabru Arts

«  On voit qu’il s’agit typiquement du petit spectacle facile pour réveillon. Mais à l’inverse de tant de pièces comiques dans la même intention, celle-ci atteint pleinement et simplement son but. Le rire est là, et la fraîcheur et la gentillesse sans prétention. On s’amuse, voilà tout. Le mérite en revient à Marc Camoletti qui a su s’amuser le premier, sans vergogne comme sans mauvais goût. Il a saisi les occasions du comique et d’attendrissement, telles qu’elles venaient : « Tiens, si j’enfermais celle-là dans la salle de bains ? » On croit le voir en train d’assembler ses éclats de rire. On est content pour lui, en même temps que lui, d’autant de bonne humeur et de naturel ».
Bertrand. Poirot-Delpech Le Monde

« Ce n’est ni Sophocle, ni de l’art brechtien. C’est une autre espèce de théâtre. Celui qui n’a que l’ambition d’amuser. Et je dois reconnaître que M. Marc Camoletti n’a pas laissé s’écouler trois minutes sans introduire un personnage ou imaginer une réplique qui provoque l’hilarité ».
Jean-Jacques Gautier Le Figaro

« Voilà : J’ai ri. Oh je sais bien qu’il y a quelque chose de honteux. Cependant que le rire me chatouillait sournoisement, les amygdales me disaient : » Voyons ! il n’est pas question de la condition de l’Homme. Rien de social là dedans. Quant aux problèmes métaphysiques, je n’en vois pas l’ombre d’un seul ». Ce qui ne manquait pas de m’inquiéter. J’ai ri. Et je ferai acte de contrition en relisant quelques pages de Brecht. Mais j’ai ri. Je m’en confesse à l’abri de mon programme ».
Max Favalelli Paris Presse

« Que l’on m’entende bien. Ce théâtre-là n’est pas, à beaucoup près, celui que je préfère. Mais quand la vulgarité est absente et qu’on y consent à admettre, enfin, le triomphe de la morale, je me refuse à la totale sévérité. Le divertissement aussi est un genre dramatique ».
Jean Vigneron La Croix

     L’AMOUR PROPRE

Comédie en 3 actes, créée le 20 février 1968 au Théâtre Edouard VII, (arrêtée en raison des événements de mai 1968, reprise le 10 décembre 1968, au théâtre de la Potinière), interprétée par Elisabeth Margoni, Claude Gensac, Philippe Nicaud, Catherine Hiegel, Bernard Woringer, Michèle Grellier, Jacques Balutin, mise en scène de Marc Camoletti, décor d’André Levasseur.

Analyse

«  C’est l’histoire d’un homme, de vous, de lui, de moi et aussi l’histoire d’une femme, de vous, d’elle ou de toi  » Marc Camoletti

Une épouse découvrait que son mari ne passait plus ses soirées à son club comme il le prétendait. Elle lui demanda des explications. Il lui confirma qu’il avait une maîtresse parce qu’il avait appris qu’elle avait un amant. Elle lui avoua qu’en effet un homme venait chez elle de temps en temps. Le mari lui dit alors qu’il avait invité, chez eux, son amoureuse pour que les voisins, qui connaissaient l’amant de madame fassent connaissance avec sa maîtresse à lui. Sur ces entrefaites une amie du couple arriva, puis l’amant de l’épouse, puis le mari de l’amie, puis la fameuse maîtresse qui n’est autre qu’une jeune comédienne que Monsieur avait engagée pour jouer le rôle de son amante. Tout ce joli monde mentait ou disait la vérité à contretemps. En réalité, il n’y avait jamais eu d’amant ni de maîtresse, mais par amour-propre chacun gardait son secret.

Critiques

« Marc Camoletti est l’homme d’un théâtre comique où les situations jouent le principal rôle, le rôle essentiel : des situations dont la première tient en équilibre avec l ‘assentiment du public parce qu’il faut bien commencer par quelque chose, fût-ce par un postulat. Puis de cette situation en découle une autre, par la grâce, au besoin, d’un petit coup de pouce de l’auteur. Et cette seconde situation fait rire le spectateur. Dès lors l’accord devient de la connivence, d’autant plus que de place en place, à intervalles réguliers, un mot, un mot de théâtre, vient provoquer. L’échafaudage monte. Nous sommes en pleine escalade. À l’enchevêtrement succède la cascade des entrées et des sorties, à point nommé, l’hilarité de la salle. À partir de là, les combinaisons vaudevillesques vont s’ajouter les unes aux autres. La porte s’ouvre et ce n’est jamais celui qu’on attend (que les personnages attendent). On sonne, et celle qui arrive n’est pas celle que les héros se préparaient à accueillir. Nous si, on sait. Mais cela fait partie du jeu. Péripéties, mots, quiproquos, réflexion, rebondissements, boutades, contrecoups, répliques – et mouvement, mouvement, mouvement ».
Jean-Jacques Gautier Le Figaro

« Les quiproquos et les méprises se succèderont en cascades jusqu‘à la fin (morale) de cette désopilante partie carrée, imaginée par Marc Camoletti et vivement enlevée par Philippe Nicaud et Claude Gensac, irrésistibles, à la tête de sémillants comédiens rompus à ce genre de plaisanteries de boulevard ».
Jean Mara Minute

« M. Marc Camoletti, l’heureux auteur de Boeing Boeing, vient de remporter un nouveau succès, avec L’Amour propre, une des comédies de boulevard les plus plaisantes que nous ayons vues depuis quelque temps. En introduisant le motif de l’amour propre, dans ce qui n’aurait pu être qu’une banale histoire de coucheries, l’auteur a épargné à sa pièce le risque d’insipidité absolue auquel sont trop souvent exposés les ouvrages de cette sorte. Nous avons suivi le développement de l’action avec un amusement constant. Seul, le dénouement me parait critiquable parce qu’il change rétrospectivement la comédie en bluette ».
Gabriel Marcel Les Nouvelles littéraires

« On rit comme à toute scène de ménage mais en se demandant ce qui va en sortir, quand le deuxième acte démarre sur des chapeaux de roues. L’auteur de Boeing Boeing remontre le bout de son nez ».
Jacqueline Cartier France-Soir

« Une très honnête comédie de boulevard. On a plaisir à saluer en Camoletti un auteur qui connaît admirablement son métier et qui bannit de toutes ses pièces la vulgarité ».
X… Paris-Match

     HAPPY BIRTHDAY

Comédie en 3 actes, créée le 6 septembre 1976  au théâtre Michel, interprétée par Annick Blancheteau, Bernard Menez, Georges Beller, Laurence Badie, Marylise Morvan, mise scène de Marc Camoletti, décor de Germaine Camoletti

Analyse

Afin de ne pas laisser seule, au soir de son anniversaire, sa maîtresse Brigitte, Bernard l’invita dans sa maison de campagne. Comment devait-il se comporter vis-à-vis de son épouse pour qu’elle ne se doute de rien ? Bernard crut avoir trouvé la solution, celle de convier son ami Robert et lui demander de jouer le rôle de l’amant de Brigitte. Mais catastrophe, Bernard ignorait que Robert était l’amant de sa propre épouse et pour corser l’affaire cette dernière venait d’engager une autre Brigitte, jeune et charmante employée de maison… Que de complications pour que la joie du public soit complète.

Critiques

« Marc Camoletti a bien raison de faire confiance à la vieille recette du vaudeville. Il en connaît tous les détours, toutes les sauces, tous les piments. IL sait mettre de côté la logique et, à l’occasion, le bon goût s’il y a prétexte à rire. Il connaît l’art de créer des situations totalement artificielles sans même prendre la peine de leur donner une apparence plausible et d’inventer des personnages qui en dénoueraient instantanément les ficelles s’ils avaient une lueur de lucidité. Mais, de la première à la dernière réplique, rien ne vient troubler la marche d’un mécanisme dont le postulat initial commande le mouvement. Nous sommes sur une autre planète, presque dans le domaine de la science-fiction. La joie délirante du public est la meilleure justification de l’aventure ».
Claude Baignères Le Figaro 8 septembre 1976

« Comme prévu la machine ronronne sans ratés ni bavures, entre les mains d’un auteur-metteur en scène sagement soumis à tous les impératifs du théâtre de boulevard (et non de vaudeville, paraît-il, car ici les alcôves sont exclues). Une sympathique petite histoire d’adultère mondain… A l’entracte, l’affaire file en quenouille. Faute d’inspiration, la mécanique des gags précipite son rythme . Qu’avons-nous à faire de cette languissante leçon de baisers qu’une poupée gonflable administre à un Casanova de drugstore ? Cachotteries, sourires, colères, folies bourgeoises, envolées de vison et décolletés dans le dos à la limite des fesses polissonnes, la toupie s’envole, éclate en bulles de savon minuscules… ».
Patrick de Rosbo Le Quotidien de Paris 1976

« Happy Birthday est une petite comédie qui déçoit un peu. Dans le genre désuet, attendu et boulevardier… Marc n’invente rien. Il y a bien une cinquantaine d’années que ces répliques téléphonées et ces portes qui claquent séduisent un public bon enfant qui cherche, sinon midi à quatorze heures, tout du moins le guignol au théâtre. Je n’ai aucune envie de dire du mal de Happy birthday et je n’ai aucune envie d’en dire du bien. C’est un objet tout-à-fait insignifiant, un peu bêta et qui fera, sans doute, le bonheur d’un certain nombre de braves gens qui aiment à rire vite, gros et gras . Pourquoi donc les décourager ? ».
Pierre Marcabru France-Soir 8 septembre 1976

5. Œuvres dramatiques

 1958 La Bonne Anna Théâtre des Capucines – reprise en 1991, au Théâtre Michel
1959 Pauvre Édouard Comédie Wagram
1959 L’Homme nu Théâtre des Capucines
1960 Boeing Boeing Comédie Caumartin – reprise en 1993,au Théâtre Michel
1963 Sémiramis Théâtre Edouard VII
1965 Secrétissimo Théâtre des Ambassadeurs
1966 La Bonne adresse Théâtre des Nouveautés – reprises en 1968, Théâtre de la Potinière en 1972, en 1989, en 1989, au Théâtre Michel
1968 L’Amour propre Théâtre Edouard VII, mise en scène de l’auteur. reprise en 1972, Théâtre Michel
1972 Duos sur canapé Théâtre Michel, mise en scène de l’auteur. En 1973, tournées Karsenty-Herbert, reprise en 1974, Théâtre Michel
1976 Happy birthday Théâtre Michel, mise en scène de l’auteur
1980 On dînera au lit Théâtre Michel, mise en scène de l’auteur
1984 Le Bluffeur Théâtre de la Michodière – reprise Théâtre des Variétés
1985 Pyjama pour six Théâtre Michel, mise en scène de l’auteur – reprise en 1988, Théâtre Michel
1986 Mon cœur sur la commode
1987 La Chambre d’ami Théâtre Michel, mise en scène de l’auteur
1991 Darling chérie Théâtre Michel, mise en scène de l’auteur
1993 Sexe et Jalousie Théâtre Michel, mise en scène de l’auteur
1997 Voyage de Noces Théâtre Michel, mise en scène de l’auteur