ou L’Immortel ‘provençalda’
(1895-1974)
Chantre de la Provence , inspiré par son ciel bleu, ses cigales, son accent, son pastis, Marcel Pagnol sut mettre dans ses œuvres toute la chaleur, la poésie, l’allégresse qu’éveilla en lui un environnement foisonnant de faconde et de joie de vivre.
L’auteur représente un cas unique dans l’histoire mondiale de l’Art dramatique. Jeune inconnu, il fait représenter deux pièces à cinq mois d’intervalle, lesquelles connaissent immédiatement un succès planétaire. Le triomphe et la qualité de ses œuvres sont inversement proportionnels à leur nombre.
Devenu Académicien, Marcel Pagnol restera pour toujours le créateur des légendaires César, Marius et Fanny.
1. Un poète provençal
2. Les débuts dans le théâtre
3. Topaze et Marius
4. Cinéma et production
5. Reconnaissance et échecs
6. La Gloire de mon père
7. Quelques pièces
8. Oeuvres dramatiques
1. Un poète provençal
Le 28 février 1895, Augustine, femme de Joseph Pagnol instituteur à Aubagne, donne le jour à Marcel. En juin 1900, Joseph est nommé à Marseille où Marcel ne se sent pas particulièrement heureux d’être le fils de l’instituteur : il habite au-dessus de l’école, ne partage pas la joie de ses camarades à la sortie, sa place de premier de la classe acquise on ne peut plus légitimement, lui vaut la suspicion des autres élèves. Il connaîtra le bonheur à 9 ans, lors des grandes vacances car les Pagnol loueront pour l’été un cabanon, « la Bastide neuve ». Marcel Pagnol évoquera cette jeunesse dans deux ouvrages remarquables La Gloire de mon père et Le Château de ma mère.
Afin qu’il puisse aller au lycée où les études durent sept ans, il doit obtenir une bourse car le salaire d’un instituteur ne suffirait pas à assumer une aussi lourde charge. Il passera l’examen et sera reçu deuxième. C’est au lycée qu’il fait la connaissance d’Albert Cohen qui de viendra l’un de ses meilleurs copains et qui lui dira devant ses poèmes : « Tu entreras à l’Académie française ».
Il est en effet particulièrement doué en français et s’adonne à la poésie ; il rédige un recueil Le Livre de la nature. À 15 ans, ses poèmes sont publiés dans une revue marseillaise Massilia.
En juin 1910, sa mère Augustine poitrinaire, décède. En juillet 1912, Joseph épouse Madeleine sa gouvernante, ce qui entraîne la rupture – provisoire – avec Marcel qui a l’intransigeance de ses 17 ans. En juillet 1912, Marcel est reçu aux deux parties du bac avec mention « assez bien ». Il décide de devenir professeur et prépare son concours d’entrée à l’École Normale Supérieure.
2 août 1914, déclaration de guerre. Pagnol a 19 ans et demi et n’est pas mobilisable. Il est très amoureux de Simone Collin qu’il a connue chez Joseph, lequel donnait à sa sœur des leçons d’anglais. Elle s’est donnée à lui et il a l’intention de l’épouser. Il est incorporé le 17 décembre au 163ème régiment d’infanterie et réformé définitif au bout d’un mois pour faiblesse de constitution. Il devient répétiteur stagiaire au Collège de Tarascon.
Il épouse sans le consentement de son père – mais il a 21 ans – Simone à Marseille. En octobre 1917, il devient délégué général pour l’enseignement des lettres et de l’anglais au Collège de Pamiers. Il est ensuite nommé à Marseille professeur adjoint et surveillant d’internat, et relance sa revue Fortunio, soutenu par Le Petit Provençal, célèbre et puissant quotidien dont le directeur Marius Richard a été séduit par le charme et l’originalité du jeune Pagnol qui était alors le répétiteur de son fils Charles, lequel deviendra Carlo RIM.
2. Les débuts dans le théâtre
Pagnol a enfin écrit sa pièce Catulle (4 actes en vers). Il en donne la lecture chez lui devant ses amis, auxquels s’est joint le rédacteur en chef de Spectator, hebdomadaire rendant compte de l’activité théâtrale de la ville. C’est Paul Nivoix qui va bientôt jouer un grand rôle dans la vie de Marcel. Il convainc ce dernier de renoncer aux pièces en vers et lui propose d’écrire avec lui une comédie Tonton. Ce qui sera fait. Dans le désir d’être joué à Paris, Paul Nivoix « monte » à la capitale, décidé d’y attendre son partenaire. Lequel hésite devant l’aventure. Mais le destin veillait ; en juillet 1922, il est nommé à Paris répétiteur au lycée Condorcet. Le voici dans la capitale où il retrouve Nivoix qui lui dit qu’Henri Vilbert, comédien marseillais devenu vedette du boulevard, veut bien jouer la pièce si elle est remaniée par Louis Raine, son frère. Qu’à cela ne tienne. Mais Vilbert renoncera au projet. La pièce sera tout de même créée en 1924 à Marseille, aux Variétés. Ce sera un four noir, 15 représentations.
À Paris, il devient professeur adjoint d’anglais et travaille, toujours avec Paul Nivoix, à une nouvelle pièce Le Héros de Paille, satire de l’exploitation par les gens de l’arrière, de l’héroïsme des combattants et qui devient Les Marchands de Gloire, créée à la Madeleine le 15 avril 1925. La « générale » est triomphale, mais la pièce n’est jouée que treize fois.
Il rencontre alors à l’Atelier où Charles Dullin joue L’Occasion de Prosper Mérimée une jeune comédienne, Orane Demazis, alors qu’il vit déjà séparé de Simone. En août 1925, il part en vacances à La Treille et écrit Phaeton, drame d’un vieux professeur de grec qui a raté sa vie. Antoine qui a lu la pièce, la confie à Rodolphe Darzens, directeur du Théâtre des Arts (ex-Théâtre des Batignolles) qui engage aussitôt Harry Baur et Pierre Blanchar mais exige que Pagnol change le titre de la pièce. Après des discussions musclées, Darzens propose Jazz.
Pagnol accepte bien que le titre n’ait rien à voir avec la pièce, mais impose Orane Demazis dans le rôle de la jeune étudiante. Il accepte également à la demande d’Harry Baur de couper le dernier acte. La pièce est en effet trop longue et l’acte qui montre le héros s’adonnant à la débauche fait perdre à ce dernier la sympathie du public et s’éloigne de la ligne de l’ouvrage. Entre temps, Marcel Pagnol a quitté son poste de professeur adjoint et a été « mis en congé sans traitement ». Il n’a pas voulu démissionner pour ne pas peiner son père qui a fait tant de sacrifices afin que Marcel puisse accéder à cette fonction et qui a été si fier qu’il soit devenu professeur.
Pagnol part s’installer boulevard Murat, à deux pas d’Orane Demazis avec laquelle l’idylle est au zénith. Il cherche à divorcer mais Simone refuse catégoriquement. Boulevard Murat, se réunit régulièrement le quatuor : Pagnol, Achard, Passeur, Jeanson. Pagnol travaille depuis 4 ans à une pièce La Belle et la Bête qu’il ne parvient pas à terminer, tandis qu’il cherche dans le même temps à mettre au point un nouveau moteur à explosion.
3. Topaze et Marius
Pierre Blanchar qui avait créé Jazz, donne à Pagnol l¹idée d¹écrire une pièce marseillaise. Ce sera Marius. Max Dearly, grande vedette de boulevard, propose de la créer à Nice. Simone Volterra, épouse de Léon Volterra, directeur du théâtre de Paris, prend par hasard connaissance de la pièce et est tout de suite emballée. Elle fait partager son enthousiasme à son mari qui trouve la comédie agréable et décide de la retenir et signe avec l’auteur le fameux » bulletin de réception « . Il décide de porter sa pièce à Raimu qu¹il a sous contrat à Marigny, théâtre appartenant également au couple Volterra. C¹est alors qu¹André Antoine lui apprend qu¹il a adressé le manuscrit de la pièce à Max Maurey directeur des Variétés et que ce dernier est d¹accord pour la monter. L’auteur et le directeur ont signé le « bulletin de réception » de la pièce (engagement de chacun, attesté par la Société des Auteurs).
Entre temps, Maurey a déchanté au sujet de Monsieur Topaze. Il ne trouve plus à la pièce les qualités qui l’avaient conquis et considère qu’elle n’est pas à sa place dans son théâtre. Pour s’en débarrasser, il monte un vaudeville de Louis Verneuil et Georges Beer, Mademoiselle Flûte, persuadé que la notoriété de ces auteurs à la mode lui assurera un grand succès joué très longtemps, ce qui rendra sa liberté à Pagnol. Comme souvent au théâtre, les pièces sur lesquelles on fondait les plus grands espoirs s’avèrent des échecs. La réciproque est également vraie. Les plus grands succès ont presque tous au départ été considérés comme des échecs à venir et montés sans conviction : Cyrano, Knock, Phi Phi et… Topaze. Mademoiselle Flûte est en effet un échec qui se poursuit à nouveau avec le spectacle qui lui succède. Il s’agit pourtant d’une comédie de Sacha Guitry, Un miracle, avec en prime Pierre Fresnay, le jeune premier à la mode. Un miracle se révèle un désastre ( l’un des très rares dans l’œuvre de Sacha ). Nouvel échec avec La Fille et le garçon de Georges Dolley. Antoine, qui était à l’origine du projet Pagnol aux Variétés, se fâche cette fois tout rouge et prend les choses en main, en exigeant de Maurey qu’il tienne ses engagements, lequel cède, persuadé toutefois que le four est inévitable. Les rapports entre l’auteur et le directeur sont pour le moins tendus. Pagnol a en effet promis le rôle titre à son ami René Simon qui a, lui, l’âge du personnage, alors qu’il considère André Lefaur, prévu par Maurey, comme trop âgé pour le rôle. Antoine arbitre et penche pour Lefaur. Pagnol cède, vite rassuré d’ailleurs dès les premières répétitions. Pour le rôle principal féminin, Maurey engage Jeanne Provost qui a la réputation de porter la poisse. Il sera ainsi plus vite débarrassé de Monsieur Topaze. Devant le projet de l’affiche, le titre ne ravit personne et la pièce devient Topaze tout court. À part Lefaur, personne dans la troupe ni dans le personnel ne croit au succès. Ce ne sera pas en effet un succès, mais un triomphe ! Le 9 octobre 1928 au soir de la générale, la salle entière, debout, acclame l’auteur et la troupe. Les critiques sont dithyrambiques.
Profitant d’un congé, le papa Joseph vient à Paris assister à une représentation de Topaze. Il y prend un grand plaisir et va ensuite souper avec son fils – « Mais alors, tu ne vas plus au lycée ? -Non, je suis en congé sans traitement – Sans traitement… mais alors, de quoi vis-tu ? »
Quant à Marius, Pagnol adresse le manuscrit à Frank, le directeur de l’Alcazar de Marseille. Quand il entre dans le bureau directorial, Pagnol est accueilli par des cris: « Tu ne penses pas que je vais monter ta pièce à l’Alcazar ! C’est un chef d’œuvre, c’est pour Paris. Va porter ta pièce à Raimu qui joue actuellement une revue à Marigny. Je lui écris tout de suite ». Pagnol suit ce conseil et va voir Raimu qui lit la pièce et fait part de son enthousiasme à l’auteur qui est convoqué le lendemain par pneumatique au Théâtre de Paris par Simone Volterra qui lui apprend que sa pièce est reçue. Léon Volterra propose alors pour la distribution Gaby Morlay et Victor Francen, vedettes aimées du public et qu’il a justement sous la main. La discussion sera animée car Pagnol les réfute immédiatement. Il lui faut des méridionaux. Seul Raimu, prévu pour le rôle de Panisse est agréé, ainsi que Pierre Blanchar qui s’avère ne pas être libre. Raimu pensera à Charpin pour jouer Panisse, car lui, veut jouer César. – « Je veux être le propriétaire du bar. Je veux que la pièce se passe chez moi. Ce n’est pas Monsieur Raimu qui doit se déranger pour aller rendre visite à Monsieur Charpin, c’est Monsieur Charpin qui doit venir s’expliquer chez Monsieur Raimu ». C’est avec sa vedette que l’auteur terminera sa distribution. Pierre Fresnay, au grand dam de Raimu, est prévu pour le rôle de Marius. – « C’est un comble ! Un Alsacien… et puis, il est protestant ! ». Mais l’intelligence et la gentillesse de Fresnay sauront très vite amadouer l’ogre César, lequel dirige les répétitions et obtient de Pagnol que ce dernier coupe un acte inutile et rétablisse une scène qu’il avait lue dans une précédente brochure : la partie de cartes. Si Raimu avait la réputation de ne pas être très intelligent, il disposait en revanche d’une lucidité et d’un instinct de théâtre inégalables… Et pour faire adopter son point de vue qui était toujours infaillible et, comme la dialectique n’était pas son fort, il usait de ses célèbres colères.
Les anecdotes concernant la réception et la distribution des deux pièces Topaze et Marius, qui figurent dans la remarquable biographie de Pagnol par Raymond Castans, présentent de grandes contradictions avec celles relatées par l’auteur dans ses merveilleux souvenirs. Mais les deux versions qui ont été évoquées plus haut sont aussi alléchantes l’une que l’autre. Marcel Achard a écrit : « Les jours où Marcel aime l’humanité – les plus fréquents – les six directeurs auxquels il avait adressé Topaze acceptèrent la pièce avec un enthousiasme délirant… Les jours où il n’aime pas l’humanité, tout le monde l’avait refusée et c’est seulement après une intervention agressive d’Antoine que le directeur des Variétés a consenti à laisser entrer la fortune ». N’oublions pas que Pagnol était un sacré menteur. C’est Alida Rouffe qui lui disait : « Continue, Marcel, continue. Je sais bien que ça n’est pas vrai, mais c’est si agréable ! ». Si Pagnol admirait tant Jacques Théry, c’est, disait-il, « parce qu’il est plus menteur que moi ».
Cinq mois après Topaze, le 9 mai 1929, Marius connaît le même accueil chaleureux du public et de la critique. Le doublé que vient de réussir Pagnol est unique dans l’histoire du théâtre.
Du côté sentimental, rien ne va plus avec Orane Demazis. Pagnol n’a jamais accepté qu’elle refuse de vivre avec lui, de passer ses vacances avec lui, et d’avoir un enfant. Elle, de son côté, supporte mal les sorties nocturnes de Marcel qui mène joyeuse vie dans les restaurants et les boîtes de nuit. Et puis, ce succès que remporte Marius n’est pas sans la gêner. Elle a l’impression, en faisant du boulevard, de trahir sa véritable vocation et son maître Charles Dullin. C’est la rupture. De son côté, Pagnol a rencontré dans les coulisses du Casino de Paris la danseuse d’une troupe anglaise, Kitty Murphy. En effet, rien n’était plus facile. Une porte du hall du Théâtre de Paris ouvre sur les coulisses du Casino, les deux établissements faisaient partie du même immeuble et étaient construits dos à dos. Contrairement à Orane, Kitty n’a pas d’états d’âme et s’est jetée à corps perdu dans son amour pour Marcel. Elle s’est faite remplacer au Casino et les amoureux sont partis se cacher chez un ami dans la Sarthe. C’est dans cette thébaïde que Kitty annonce à Marcel qu’elle est enceinte. Séduit par le calme et la sérénité de la Sarthe, Pagnol se rend acquéreur d’une grande propriété à Parcé. C’est dans ce refuge, loin des mondanités qui ont fini par le lasser, qu’il entame un nouveau projet, une suite à Marius. Ce sera Fanny. Il y travaille le matin. L’après-midi, il invente et fabrique une nouvelle automobile à 3 roues, la « topazette ». La comédie et le véhicule seront terminés en même temps.
S’il a donné une suite à Marius, c’est à la demande des spectateurs qui ont trouvé que la pièce était trop triste et ne pouvait pas finir comme ça ; voilà ce que lui a révélé le chef du contrôle du théâtre qui, pour rassurer les spectateurs, leur a affirmé que l’auteur travaillait à une suite. Le manuscrit de Fanny est remis aux Volterra qui acceptent la pièce avec enthousiasme et, après les 800 représentations de Marius, la mettent en répétition, sans Fresnay qui n’était pas libre, ni Alida Rouffe qui se déclarait malade. Fresnay est remplacé par Berval et Aliada Rouffe par Mme Chabert. Tout se passe dans l’euphorie et les plus grands espoirs sont permis. C’est alors qu’éclate l’affaire Raimu. Les raisons n’en ont jamais été clairement établies. Ce qui est certain, c’est qu’elles étaient suffisamment graves pour justifier la décision de Volterra d’écarter Raimu. L’explication la plus logique est que Raimu, par des allusions concernant la vie privée de Simone Volterra, a porté atteinte à l’honneur de celle-ci. Pagnol tente de reprendre sa pièce afin de la monter avec Raimu dans un autre théâtre. Peine perdue. Il s’est engagé en signant le bulletin de réception et son retrait lui coûterait une fortune. Raimu est remplacé par Harry Baur qui est libre. Générale le 5 décembre 1931. Triomphe. « Chef d’œuvre, Réussite éclatante, Tour de force » écrit la critique.
4. Cinéma et production
Auparavant, la Paramount avait entrepris le tournage de trois « Marius », versions française, allemande et suédoise. Pour la version française, Bob Kane patron de la Paramount, veut les comédiens qu’il a sous contrat : Henri Garat, Marguerite Moreno, Meg Lemonnier, Victor Francen. Pagnol à qui on a accordé un droit de regard sur la réalisation refuse catégoriquement. Ce sont les créateurs qui tourneront. Il exige également un pourcentage sur les recettes du film. Le réalisateur de Marius sera Alexandre Korda, un hongrois émigré à Hollywood, venu tout exprès en France pour tourner la pièce de Pagnol. Korda va voir Marius au Théâtre de Paris et trouve les comédiens formidables, surtout Raimu, et affirme qu’il serait ridicule de les remplacer.
Le film sort dans l’immense salle du Paramount et dès la première semaine, bat tous les records de recette. Pagnol calcule alors que les bénéfices de Marius représentent le prix de revient de plusieurs films de même importance. Il en tire la conclusion qui s’impose ; il deviendra producteur. Entre temps, Pierre Blanchar revient de Londres où il a vu le premier film parlant Broadway Melody. Il est sorti ébloui de la projection et a fait part de son enthousiasme à Pagnol qui file à Londres et en revient bouleversé par la révélation qui vient de lui être faite : le cinéma parlant. Fort heureusement, ce « parlant » a vu le jour avant le tournage de Marius. Pour Topaze, l’auteur ne pourra pas en être le producteur car il a déjà vendu les droits à la Paramount qui l’informe début 32, du prochain tournage du film. Le rôle de Topaze sera tenu par Louis Jouvet et le film dirigé par un français émigré aux États-Unis depuis 20 ans, Louis Gasnier dont l’ambition est de « faire du cinéma » et transforme ce qui était évoqué dans la pièce (la vespasienne, la balayeuse, etc…) en gauloiseries. Pagnol refuse de rencontrer Gasnier. – « Il a massacré Topaze » ! C’est donc un soulagement pour lui d’apprendre que la Paramount n’a pas levé l’option qu’elle avait prise pour Fanny. Dans ces conditions, c’est lui qui en sera le producteur. Mais il ne possède rien de toute la logistique nécessaire (équipe, locaux, matériels). Il s’associe donc à Roger Richebé qui possède des studios et une société de distribution. Le film sera tourné sous la direction de Marc Allegret et marquera les retrouvailles Pagnol-Raimu et l’arrivée dans l’équipe de Vincent Scotto. La script-girl se nomme Françoise Gourdji. Elle deviendra Françoise Giroud. Les recettes du film dépasseront celles de Marius.
Pagnol prend alors connaissance d’une nouvelle de Jean Giono, La Femme du boulanger, récit extrait de son ouvrage Jean le bleu. Il est séduit et achète à Bernard Grasset les droits cinématographiques de cinq des romans de Giono et décide de renoncer au théâtre pour se consacrer exclusivement au cinéma, ce qui provoque un beau tollé de la part de ses confrères auteurs dramatiques et des cinéastes qui parlent de « théâtre en conserve ». Il crée donc sa société de production cinématographique, Les Auteurs Associés. Dans le même temps, Orane Demazis vient de lui donner un fils, Jean-Pierre, qui portera le nom de sa mère car Pagnol est toujours marié à Simone qui refuse obstinément de divorcer. Quant à Kitty, elle est bien oubliée alors qu’elle lui a donné elle aussi, un garçon baptisé Jacques.
Les Auteurs Associés réunissent Pagnol, Achard, Passeur, Roger-Ferdinand et Arno Charles Brun, et produisent Le Gendre de Monsieur Poirier, Léopold le bien aimé et Jofroi, tiré de Solitude de la pitié de Jean Giono. Les deux premiers films sont des échecs. Pagnol renonce alors aux Auteurs Associés et crée la Société des Films Marcel Pagnol. Il tournera son premier film Angèle, tiré de Un de Baumugnes toujours de Giono, avec Orane Demazis dans le rôle titre et Henri Poupon dans le rôle du père rigide. Andrex sera l’infâme séducteur proxénète. Reste à distribuer le rôle de Saturnin, le valet de ferme un peu demeuré. On parle à Pagnol d’un comédien spécialisé jusqu’alors dans les abrutis ; c’est Fernandel. Ses rapports avec son auteur-metteur en scène vont s’avérer particulièrement difficiles car il se sent complexé au milieu de cette communauté. Il a bien tort, car lors de la sortie du film, c’est un immense succès qui restera des mois en exclusivité. Pour Fernandel, c’est un triomphe.
Pagnol a l’idée de réaliser des films d’une heure environ qui, réunis en duo, pourront constituer un programme complet. Il décide donc de tourner Cigalon à La Treille et Merlusse au lycée Thiers de Marseille. Les deux films sont présentés au cinéma Marivaux. Merlusse remporte un très grand succès, mais Cigalon est accueilli plus que fraîchement. C’est un « bide ». Pagnol digère mal cet échec et décide de redresser très vite la barre. Il a un sujet en or dans ses tiroirs, c’est César, troisième volet de la trilogie après Marius et Fanny. Mais aucun des créateurs n’est libre, car ils sont tous devenus des vedettes. Il faudra donc attendre mai 1936. En attendant, Yvonne Pouperon dite Vonette qui était sa secrétaire personnelle, lui donne une fille, Francine née le 28 février, jour de son 41ème anniversaire. Pour Regain, il retrouve Orane Demazis et Fernandel auxquels il adjoint Marguerite Moreno et Gabriel Gabrio. C’est l’histoire de la renaissance d’un village abandonné.
À Regain succédera Le Schpountz, film dans lequel Fernandel connaîtra un nouveau triomphe. Le Schpountz, mot inventé par l’équipe technique, est un fada qui s’imagine avoir des qualités d’acteur qui le mèneront immanquablement au vedettariat. Et puis, c’est le chef-d’œuvre La Femme du boulanger. Raimu a proposé à Pagnol de tourner un film tiré d’une pièce de De Flers et Caillavet, Monsieur Bretonneau, car il s’est entiché du rôle. Pour celui de la secrétaire, on envisage Josette Day qui à 24 ans a déjà une carrière importante au cinéma. Mais Raimu, tout à coup, réfute Pagnol comme metteur en scène, ce qui arrange plutôt l’intéressé qui reste néanmoins le scénariste du film que réalisera Alexandre Esway. Entre Pagnol et Josette Day, c’est brusquement l’amour fou. Dans l’intention d’épouser Josette, Pagnol obtient enfin le divorce de Simone Colin à laquelle il doit abandonner la moitié de sa fortune, ce qui est énorme. Nous sommes en 39, les hommes sont mobilisés. Pagnol a alors l’idée d’un film avec Raimu, Fernandel et Josette Day, qui se situerait à l’époque qu’ils sont en train de vivre. Il commence alors à réaliser La Fille du puisatier sans plus attendre, dans lequel il introduira une scène où les principaux personnages écoutent à la Radio Pétain annoncer l’armistice. Le film sera acclamé partout. Mais il découvre que Josette le trompe, ce qui le rend affreusement malheureux car en plus elle ne s’en cache pas. Il décide de rompre et se consolera avec Jacqueline Bouvier qu’il emmène dans la Sarthe où il est plus agréable de vivre qu’à Paris où on est privé de tout. C’est dans leur thébaïde que le couple apprend la libération du pays.
5. Reconnaissance et échecs
En novembre 1944, Pagnol devient Président de la Société des Auteurs. S’il est élu à l’unanimité, c’est d’abord en raison de son prestige, mais aussi parce que la Société traverse comme partout la crise de l’épuration. Il s’y est créé une commission pour régler ce problème qui consiste à prononcer des sanctions contre les auteurs susceptibles d’avoir collaboré avec les autorités nazies. Ce qui crée un climat exécrable. Une trentaine de membres sont concernés.
Pagnol propose de mettre fin à la commission d’épuration qui refuse de se saborder. Il décide alors d’examiner en détail le cas de chaque auteur ayant été joué sous l’occupation. Le nombre passe à plusieurs centaines (parmi lesquels Claudel, Sartre, Anouilh, Achard, Pagnol). La commission se décourage très vite. Pour en terminer avec ce problème, Pagnol fait adresser à tous les membres de la Société un questionnaire sur leur activité sous l’occupation.
Question n° 1 : Avez-vous collaboré avec les forces d’occupation ? (répondre par oui ou par non)
Question n°2 : Avez-vous dénoncé des gens ? (répondre par oui ou par non)
Question n°3 : Si oui, certains de ceux que vous avez dénoncés ont-ils été exécutés ? (répondez par oui ou par non)
Chacun comprend que c’est un canular et c’est ainsi que Pagnol, grâce à son autorité et à son humour, a réussi à classer définitivement le dossier épuration.
Il a enfin terminé César et souhaite bien entendu que la pièce soit créée par Raimu, lequel a été engagé à la Comédie-Française et s’y trouve bloqué, ce qui mettra Pagnol en fureur car au Français, Raimu après avoir joué Le Bourgeois gentilhomme et Le Malade imaginaire, n’est distribué dans aucun spectacle. Il n’aura pas le temps de retrouver sa liberté car il meurt à la suite d’une opération bénigne. César sera créé aux Variétés en décembre 1946. C’est Henri Vilbert, marseillais, qui interprétera le rôle-titre. La pièce est mollement accueillie. Ce n’est pas un bide, mais c’est loin d’être un succès. La pièce ne sera jouée que quelques semaines.
Avant ce demi échec, Pagnol avait adressé sa lettre de candidature à l’Académie française où la compagnie n’avait procédé à aucune élection depuis la guerre. Il y est élu au second tour de scrutin au fauteuil de Maurice Donnay.
Il tourne La Belle Meunière, qui conte une aventure de Schubert avec une belle meunière qui est Jacqueline Pagnol. Pour Schubert, il engage Tino Rossi. Le film sort le 19 novembre 1952. C’est un véritable échec. L’histoire semble languissante au public qui s’ennuie, et Tino Rossi s’y révèle un acteur épouvantable. Pour se consoler, il réalise un troisième Topaze avec cette fois, Fernandel dans le rôle titre. Il réalise également à La Treille, Manon des sources, avec Jacqueline et, dans le rôle destiné à Fernandel, Rellys qui va se révéler un comédien exceptionnel. Le film qui dure 3 heures et demie est plébiscité par le public, mais discuté par la critique. Il tourne trois des Lettres de mon moulin qui sont présentées le 5 novembre 1954 et rencontrent un accueil réservé, la critique leur reprochant leur longueur et leur lenteur. Sans le savoir, Pagnol vient de dire adieu aux caméras.
Ce demi-échec de cinéma le pousse à se retourner vers le théâtre, c’est-à-dire à son Judas, écrit pour Raymond Pellegrin. Il confie la pièce à Elvire Popesco qui vient de se rendre acquéreuse du Théâtre de Paris. Outre Raymond Pellegrin, la distribution comprend Jean Chevrier, Jean Servais, Jean Hervé. Les difficultés vont vite commencer. Pagnol a refusé d’engager un metteur en scène de peur d’être trahi. C’est lui qui dirigera les répétitions. Pas longtemps car il s’en montre très vite incapable. Pellegrin lui succède, puis Servais, puis Chevrier. C’est enfin Pierre Valide, appelé en désespoir de cause quinze jours avant la première, qui recollera les morceaux, mais bien trop tard. La première du 6 octobre 55 qui marquera également la réouverture du théâtre après six mois de rénovation, s’annonce étincelante. L’accueil de la pièce n’est pas à la mesure de l’écrin. Ce n’est qu’un demi-succès qui désespère l’auteur qui attendait une consécration. Pagnol explique lui-même dans ses admirables souvenirs, l’insuccès de la pièce : les catholiques lui reprochaient de réhabiliter Judas et les juifs croyaient à une propagande antisémite. Ces commentaires ne l’ont jamais pleinement convaincu et il a dit un jour à Jean-Jacques Bricaire, l’administrateur du théâtre : « Judas est un sujet maudit auquel il ne faut pas toucher ». Sans être superstitieux, on ne peut qu’être frappé par la succession de malheurs qui se sont abattus sur l’acteur titulaire du rôle. Le soir de la quinzième représentation, Pellegrin est foudroyé en scène par une syncope et emmené en clinique. Sa doublure Roger Rudel est dans la salle et poursuit la représentation. Dès le lendemain, les recettes s’en ressentent. Peu de temps après, Rudel est frappé à son tour : crise d’appendicite foudroyante. Ambulance, clinique, opération d’urgence. Le rôle est repris par Daniel Bremont, jeune comédien talentueux mais manquant d’expérience. Dans ces conditions, les recettes s’effondrèrent et la pièce quitta l’affiche après deux mois de représentations.
Pagnol précisa : « On ne peut rien contre la volonté divine, il est même glorieux d’en avoir provoqué la manifestation, et d’obéir ainsi à une interdiction venue du ciel ».
6. La Gloire de mon père
La dernière pièce de Pagnol présentée du vivant de l’auteur sera Fabien. C’est l’histoire d’un amour total et aveugle de l’héroïne, qui pèse cent kilos, pour son homme, Fabien qui est veule, calculateur et essaie de séduire toutes les femmes qu’il rencontre. C’est une tragi-comédie écrite pour Milly Mathis. Les répétitions se passent dans l’euphorie et chacun croit à un triomphe. Comme souvent au théâtre, c’est le contraire qui se produit. C’est un four noir et la critique accable la pièce.
Pagnol, qui avait déjà renoncé à écrire pour le théâtre, va publier ses souvenirs. Leur parution explose. La Gloire de mon père, Le Château de ma mère, Le Temps des secrets sont unanimement salués comme des chefs-d’œuvre. L’auteur est parti pour une troisième carrière. Après avoir été auteur dramatique et cinéaste, on découvre qu’il est un grand écrivain. Dès lors, pourquoi ne pas écrire un roman ? Ce sera Manon des sources, tiré de son film ; il a cette fois inversé le processus habituel. À Manon, succédera Jean de Florette. Les deux ouvrages seront réunis sous le titre L’Eau des collines et connaîtront à leur tour un très grand succès.
Le dernier ouvrage sera Le Masque de fer. Très curieusement, Pagnol s’est tout à coup passionné pour cette énigme qu’il a décidé de résoudre. Il se livrera en effet à de très nombreuses recherches de tous côtés et aboutira à la conclusion que le masque de fer était le frère jumeau de Louis XIV. L’ouvrage ne convaincra personne et ne suscitera que très peu d’intérêt.
Les derniers rapports de Pagnol avec le spectacle seront illustrés par six émissions d’une heure chacune, réunies sous le titre Morceaux choisis, et consacrées à son œuvre. Il vivra ces tournages avec un vrai bonheur, son dernier bonheur. Car si les Morceaux choisis ont été diffusés du 3 novembre au 8 décembre 1973, deux semaines plus tard, il entre à l’hôpital américain pour y subir des examens approfondis. Il rentrera chez lui pour y mourir le 18 avril 1974, à 79 ans.
Les obsèques ont lieu à Saint Honoré d’Eylau. Aux côtés de Jacqueline Pagnol, ses quatre enfants sont là : Jacques, le fils de Kitty Murphy, Francine, fille de Vonette, Frédéric, le fils de Jacqueline, et Jean-Pierre, celui d’Orane Demazis. C’est René Clair, son confrère du Quai Conti, qui prononcera les adieux au nom de l’Académie française.
Le maire de Marseille, Gaston Deferre, décidera de donner le nom de Pagnol au nouveau lycée géant boulevard de Saint-Loup.
7. Quelques pièces
Comme pour Sacha Guitry, et bien que Marcel Pagnol ait produit 3 pièces pendant la période qui nous intéresse, nous avons préféré privilégier deux des pièces produites avant 1945 car il s’agit des meilleures, pour ne pas dire des chefs-d’œuvre.
TOPAZE
Analyse
Une satire mordante et cruelle sur la corruption qu’engendre l’argent. Renvoyé de son école, un humble instituteur devient le précepteur de bourgeois cyniques. À leur contact, un peu malgré lui, il se lancera dans les affaires, deviendra pire qu’eux et écrasera tous ceux qui tenteront de s’opposer à lui.
Critiques
« Un gros succès et, ce qui est mieux, une œuvre. Une comédie qui est très gaie et en même temps amère et âpre sur le pouvoir corrupteur de l’argent… Monsieur Pagnol est un esprit rigoureux et ferme qui va jusqu’au bout de ses audaces ; c’est aussi un auteur qui a le sens, le don du comique, des mots qui font balle, des traits vifs et nets qui peignent les êtres… Sans risque de se tromper, on peut annoncer en lui dès maintenant un des maîtres du théâtre de demain ».
Étienne Rey – Comœdia
« Topaze » marque l’entrée dans la carrière d’un auteur dramatique de la lignée de Meilhac et de Robert de Flers, un manieur de réalité mordante, cruelle, mais éclairée par la radieuse lumière de cet esprit léger, aérien, vif et précis dont le comique a un sens, une philosophie, et part tantôt en fusée pour percer et pour éblouir ».
Claude Berton – Les Nouvelles Littéraires
« Cette comédie a remporté un très grand succès. Elle est amusante. Elle est brillante. Elle abonde en mots faciles mais d’une justesse notoire et bien en situation. Elle se donne, par instant, l’air de la cruauté et elle reste joviale de la façon même qui peut séduire le public ».
Pierre Brisson– Le Temps
MARIUS
Analyse
Marius est le fils d’un cabaretier marseillais et rêve en permanence de quitter Marseille pour s’embarquer et partir en mer à l’aventure. Un soir, dans le plus grand secret, il s’enfuira pour réaliser son rêve, laissant les siens dans une grande tristesse, son père étonné et furieux, et sa fiancée Fanny malheureuse et enceinte.
Critiques
« La jolie pièce et le joli succès, et comme on se réjouit de voir le triomphateur de Topaze obtenir, ici encore, cette parfaite réussite, de voir un jeune auteur affirmer définitivement sa maîtrise, en accord complet avec le public, et cela sans bluff ni scandale, sans prétendre à tout rénover ni à tout bouleverser, par les moyens éternels, probes et propres du théâtre, en nous montrant des personnages et en exprimant les sentiments les plus directs et les plus simples ».
FRANC-NOHAIN – L’Écho de Paris
« L’auteur a supposé une série de scènes-types dont chacune se suffit à elle-même, mais qu’il a liées d’une façon adroite. Tout cela fait autant de tableaux charmants. Et tous ces gens-là parlent un langage exquis, léger, sous-entendu, le plus peuple et le plus pittoresque, où ils mènent inépuisablement des images fantasques avec, tout à coup, un mot dru, truculent, éclatant et sonore ».
Henry Bidou – Le Journal des Débats
« C’est du merveilleux théâtre anecdotique dans le milieu pittoresque, la vie intense des personnages constitue le principal mérite… Les quatre actes réalisent à miracle le grouillement ensoleillé, la vie intense et si plaisamment frénétique de notre grand port ; ils fleurent les oursins et la bouillabaisse, c’est un voyage là-bas que le spectateur accomplit sans quitter son fauteuil ».
Antoine– L’Information
CÉSAR
Analyse
La dernière pièce de la trilogie, après Marius et Fanny. Panisse qui a épousé Fanny après le départ de Marius, se meurt. Césariot, jeune polytechnicien et fils de Marius mais reconnu par Panisse revient à Marseille et découvre le secret de sa naissance. Il fera la connaissance de Marius, lequel retrouvera Fanny.
Critiques
« … Je m’aperçois qu’ainsi résumée, l’histoire de César doit paraître d’une presque insupportable fadeur. Or, et c’est précisément le secret de l’art de Marcel Pagnol, la pièce n’est pas fade… Mais c’est pour le spectateur un plaisir et un repos incontestables que de se sentir conduit de scène en scène, par un guide qui sait où il va et ne trébuche point, par un homme qui sait composer un dialogue et le faire progresser dramatiquement ».
Thierry Maulnier – Spectateur
« C’est une grande chose pour un auteur que de susciter parmi son public cette rare connivence. Toute la salle, l’autre soir, la ressentait avec moi. Signe éclatant d’une réussite qui défie l’analyse et qui, peut-être, défiera le temps ».
Francis Ambrière – Opéra
« Ici, les mots ne sont pas « de situation », mais composent et complètent le dessin de caractères, les répliques émouvantes jaillissent du cœur. On ne sent pour ainsi dire jamais l’auteur derrière ses personnages qui vivent et parlent comme ils doivent parler et vivre ».
René Bizet – Paris-Presse
« Il est superflu de dire, sans doute, qu’on retrouve dans César la verve, la fantaisie, la saveur, le sens du pittoresque, le goût de l’humour, de la galéjade, qualités éminemment propres à Marcel Pagnol. Est-il besoin d’ajouter que nul mieux que lui ne sait construire une pièce, conduire une scène, mener une action ?».
André Ransan – Résistance
8. Œuvres dramatiques
30 août 1923 – TONTON (avec Paul NIVOIX, sous le pseudonyme de CASTRO) Théâtre des Variétés à Marseille
15 avril 1925 – LES MARCHANDS DE GLOIRE (avec Paul NIVOIX) Théâtre de la Madeleine
12 mars 1926 – UN DIRECT AU CŒUR (avec Paul NIVOIX) Alhambra de Lille
21 décembre 1926 – JAZZ – Théâtre des Arts
9 octobre 1928 – TOPAZE – Théâtre des Variétés
9 mars 1929 – MARIUS – Théâtre de Paris
5 décembre 1931 – FANNY – Théâtre de Paris
14 décembre 1946 – CÉSAR – Théâtre des Variétés
6 octobre 1955 – JUDAS – Théâtre de Paris
28 septembre 1956 – FABIEN – Théâtre des Bouffes Parisiens
ANGÈLE – Théâtre La Bruyère – (adaptation théâtrale du film – représentation par une troupe d’élèves comédiens)
12 septembre 1985- LA FEMME DU BOULANGER – Théâtre Mogador
OUVRAGES CONSULTÉS
Marcel PAGNOL – Œuvres complètes
Raymond CASTANS – Marcel PAGNOL, biographie