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Jean-Claude Brisville

par Séverine Mabille

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Jean-Claude Brisville * in : Programme original de La Villa bleue. Collections A.R.T.

Il aimait confronter deux caractères antagonistes : « Si mes pièces ont eu du succès, c’est peut-être parce qu’en amont, je fais des recherches fouillées. Le plus difficile est de trouver deux personnages qui fonctionnent ensemble… Ensuite chaque action découle de leur caractère. Je suis toujours aidé par l’Histoire, en étudiant la vie de mes personnages, je découvre une somme que je n’aurais jamais eu l’idée d’inventer. L’auteur de théâtre est comme un chasseur d’or, il creuse et trouve de l’or.  »(1)

L’Enfance et ses sortilèges

Jean-Claude Brisville est né le 28 mai 1922 à Bois-Colombes. L’Histoire éclaire très tôt une enfance qu’il qualifiait de grise (2) : « Un bel après-midi (une photo datée de 1927 en fait foi) mes parents qui m’ont emmené avec eux dansent sur la piste du Casino. Je les revois si jeunes. Peut-être s’aimaient-ils encore à l’époque. »  Une enfance ponctuée par les séances de cinéma (muet) et des séjours à la mer dont il gardera la saveur : « Matins légers du Nord sur la plage où le vent fait claquer les oriflammes. Et toujours ce soleil fringant et gai, cette lumière optimiste (…) Pas de dispute à la maison : de vraies vacances. » (3)

Encore petit garçon, allongé sur le tapis du salon, la TSF fonctionnait, il est frappé par une phrase entendue par le haut-parleur : « Le jazz est une nouvelle expression d’art qu’il ne faut pas juger à la lumière de la musique classique ». Je ne savais pas ce qu’était le jazz, ni la lumière, ni la musique classique, mais le rythme et le balancement de cette phrase m’ont enchanté. Chez nous, on ne parlait guère. Cette phrase m’a donné le goût de la langue française lorsqu’elle est bien parlée. Je ne l’ai jamais oublié : elle a hanté mon enfance. Je me souviens aussi de la lessive Saponite, de la crème Eclipse pour faire briller ses chaussures, des manchons pour les dames et des guêtres pour les messieurs, du marchand de couleurs et de celui de sable, des voleurs à la tire, des monte-en-l’air et des souris d’hôtel… » (4)

Dès lors il dévore le Larousse universel, fasciné par les reproductions sépia des Énervés de Jumièges ou de L’Excommunication de Robert le PieuxLe Tour de France par deux enfantsL’Illustration, les contes de Poe, les romans de Jules Verne et de Victor Hugo, il se veut condottière ou le Fracasse de Théophile Gautier. Tant d’autres, au fil du temps, viendront peupler un esprit avide d’enchantements comme Chateaubriand, Gracq, Camus, Valery Larbaud, Benjamin Constant, René Char, Robert Desnos, Colette, Nerval ou Marguerite Audoux (auteur oublié de Marie-Claire, prix Fémina 1910) qui ne cesseront d’irriguer sa vie … sans jamais renier Alexandre Dumas, Maurice Leblanc, Gaston Leroux ou Bibi Fricotin.

À peine entré dans l’adolescence, il s’essaye à l’écriture de romans-feuilletons, imitations malhabiles de ce qu’il lisait dans Le Petit Illustré, grisé par son admiration pour les romans maritimes de José Moselli : « Je retenais les mots que je ne comprenais pas : bastingage, étambot, palétuvier… A chaque mot nouveau, le génie humain me paraissait sans bornes. » (5)

Pour cet adolescent pétri d’aventures livresques, enivré par les mots et épris de cinéma chaque moment de liberté est prétexte à découvrir et à s’émerveiller (l’un des mots qui reviendra le plus souvent dans nos discussions) : « C’était le 11 novembre 1940, les Allemands étaient arrivés au mois de juin. Ils occupaient Paris qui était rentré dans le silence. Et, ce jour-là, il faisait un très beau temps, la Comédie-Française faisait sa réouverture avec Le Cid et c’était la première fois que j’allais au Théâtre Français. J’ai été émerveillé par la mise en scène de Jacques Copeau et l’apparition des grands sociétaires de cette époque : Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Marie Bell… On avait l’impression que la France retrouvait sa voix avec ce texte qui portait la langue française à son plus haut degré de qualité, alors que des étudiants courageux commémoraient le 11 novembre 1918 en chantant la Marseillaise sur les Champs-Élysées. Ça a été pour moi un moment inoubliable et un coup de foudre pour le théâtre. Le salut par le langage. » (6)

L’après-guerre, vie professionnelle et premiers balbutiements littéraires

À la Libération, il débute sa vie professionnelle comme journaliste littéraire en proposant des articles à divers journaux tout en publiant quelques pièces et des poèmes lus par un cercle restreint de lecteurs, mais salués par les intellectuels qu’il côtoie. Les Emmurés, montés par Emile Dars en 1946 au théâtre du Vieux-Colombier, ne rencontre pas le succès espéré. En 1957, il réitére avec Saint-Just, mise en scène par Daniel Leveugle à La Comédie de l’Est. Malgré la présence d’Antoine Vitez dans le rôle de Robespierre, de Louise Bory dans celui de Louise et de Jean Chadourne dans celui de Billaud-Varenne, la pièce est un demi-échec. Jean-Claude Brisville jugera, plus tard, le dialogue ratiocinant (7) en dépit de l’assentiment d’Albert Camus dont il fut le secrétaire. Cependant elle porte déjà en germe « le style Brisville » qui s’épanouira avec L’Entretien un sujet emprunté à l’Histoire, un dialogue, souvent brillant, qui se délite ici entre les neuf personnages, perd de sa force, parfois de sa pertinence.

Passé par Hachette puis engagé par Julliard, en cette même année 1957, il consacre à Albert Camus sa première étude. Dix plus tard, devenu directeur littéraire, il soutiendra la publication du journal de guerre d’Ernst Jünger. En 1970, il rencontre Julien Gracq grâce à l’ORTF, avec laquelle il collaborera régulièrement, (Camus, Gracq puis Char, rencontré en 1984, occuperont aussi une place prépondérante dans sa réflexion) et renoue avec le théâtre en publiant chez Gallimard un recueil de trois pièces contemporaines en un acte et trois personnages :  Le Rôdeur, Nora et Le Récital. D’abord réalisé pour la télévision, Le Rôdeur sera monté au Petit Odéon par Roland Monod avec Jacques Pralon et Claire Vernier. Une configuration typique retrouvée dans tous les grands succès de Jean-Claude Brisville : le face-à-face serré de deux protagonistes, la fonction du troisième personnage est plus imprécise. Il faudra attendre encore quelques années avant qu’un rôle essentiel lui soit attribué dans la construction dramatique, celui de modérateur.  Dans Le Souper, ce rôle échoit aux deux valets qui forment une entité : « il y a des fondamentaux au théâtre – me dira-t-il – c’est Jean-Pierre Miquel qui me l’a fait remarquer : il faut d’abord un affrontement et que les personnages ne soient pas à la fin ce qu’ils étaient au début de la pièce. Et puis, moi qui ai horreur de la moindre dispute, j’ai le goût de l’affrontement au théâtre car il exige de serrer les personnages de près et de découvrir dans leur histoire personnelle ce qui créera et entretiendra l’antagonisme. L’humour est également nécessaire quand une situation est tendue, il faut qu’on souffle un peu, que les spectateurs se détendent et rient. » (8)

« Le Fauteuil à bascule » et autres pièces, premiers succès et premières désillusions

Cinq ans après avoir été nommé directeur du Livre de poche, en 1976, il est brutalement licencié. La sidération puis le repentir de cette sidération, pour reprendre ses mots, l’incite à écrire une nouvelle pièce basée sur la confrontation d’un directeur d’édition et de son collaborateur dont le poste est supprimé : Le Fauteuil à bascule. Jean-Pierre Miquel décide en 1982 (cette première collaboration inaugure un long compagnonnage) de la jouer – il endosse le rôle d’Oswald – et de la monter à l’Odéon avec Henri Virlojeux (Jérôme) et Laurent Rey (Gérald).
La pièce remporte un vif succès tant auprès de la critique que du public. Le jeune homme pénétré par la grandeur de la langue française est enfin un auteur de théâtre reconnu.

L’année suivante, Andréas Voutsinas signe la mise en scène du Bonheur à Romorantin aux Mathurins avec Caroline Sihol (Anaïs) et Jean-Luc Moreau (Antoine) entourés de trois autres comédiens.
Cette pièce sera sa dernière véritable intrusion dans le monde contemporain, les deux tentatives qui suivront participeront plutôt d’un monde fantasmatique : La Villa bleue, présentée en 1986 à l’Espace Cardin dans une mise en scène de Pierre Boutron avec Xavier Deluc (Alan), Guy Tréjean (Albert) et Madeleine Robinson (Annabelle) et Contre-jour, monté en 1993 par Jean-Pierre Miquel, au Studio des Champs-Élysées, avec Didier Sandre (Henry), Nelly Allard (Daphné) et Jacques Buron s’articuleront autour d’une obsession.

« L’Entretien de M.Descartes avec M .Pascal le jeune »

Ces pièces portent toutes en elles un fragment révélateur de ce qui deviendra le style de Jean-Claude Brisville, il se cristallisera enfin avec L’Entretien de M. Descartes avec M.Pascal le jeune, inspirée par la rencontre entre Descartes et Pascal au couvent des Minimes en 1647 dont nous ignorons la teneur exacte. Elle permettra à son auteur de retranscrire les variations d’une langue disparue : « Ils ne parlent pas la même langue. La langue de Descartes est encore une langue proche du latin très boulonnée avec des prépositions, alors que celle de Pascal est très proche de Racine, beaucoup plus proche de nous. Ça m’a posé un problème très intéressant, parce que j’ai absolument voulu respecter cette différence en ne leur faisant pas parler le même langage. Ce qui m’a beaucoup aidé c’est la correspondance de Descartes car il y parle avec le son de sa propre voix. J’y ai d’ailleurs trouvé une lettre, qui a été déterminante pour moi, dans laquelle il évoque son chagrin à la mort de sa fille de sept ans et conclut : “ Je ne suis pas de ceux qui pensent que les larmes n’appartiennent qu’aux femmes ”. Cela m’a donné la clef du personnage : ce philosophe de la « raison raisonnante », où le cœur n’a pas sa place, est certainement plus intéressant que son œuvre. » (9)

La première représentation, donnée en 1985 au petit Odéon, est un succès, Jean-Pierre Miquel confie le rôle de Descartes à Henri Virlojeux et celui de Pascal à Daniel Mesguich. Cette même année, Acte Sud-Papiers publie son adaptation de la pièce de l’auteur anglais Christopher Hampton d’après le roman épistolaire de Choderlos de Laclos : Les Liaisons dangereuses. En quatrième de couverture, il nous livre sa perception de ce couple sulfureux : « unis et triomphant dans le mal, ils se disloque au seuil du bien. » Encore une relation duelle dont les subterfuges exalteront l’imaginaire d’un auteur qui ne cessera de sonder les abysses du cœur humain.

« Le Souper »

Après avoir exploré les arcanes de la rhétorique au XVIIe siècle, Jean-Claude Brisville s’attèle à l’écriture d’une nouvelle pièce dont l’intrigue se déroule au début du XIXe siècle : Le Souper, inspiré par le célèbre propos sur le vice et le crime de Chateaubriand voyant passer Talleyrand soutenu par Fouché. Jean-Pierre Miquel était très circonspect répétant inlassablement que les Français ignorent tout de cette seconde Restauration ! (10) Ce fut son plus grand succès ! Créée en 1989 au théâtre Montparnasse, encore une fois mise en scène par Jean-Pierre Miquel, ce dialogue éblouissant – comme pour L’Entretien totalement imaginé car rien n’a transpiré de ce rendez-vous de juillet 1815 – est confié à Claude Rich (Talleyrand) et à Claude Brasseur (Fouché).

Après Descartes et Pascal jugeant qu’il ne pouvait pas aller plus haut dans la qualité humaine, il a voulu concevoir une rencontre entre « deux forbans » sur lesquels Chateaubriand avait écrit de si belles pages tout en reconnaissant que nul ne pouvait se reconnaître dans ces « deux hommes à l’âme noire qui firent la France un soir de 1815(11)

En 1992, Edouard Molinaro mettra en scène pour le cinéma ce Souper, avec les mêmes acteurs. Quatre ans plus tard, Jean-Claude Brisville collaborera avec lui à l’écriture du scénario de son prochain film : Beaumarchais l’insolent (interprété par Fabrice Luchini) librement adapté du texte de Sacha Guitry.

L’année suivant la création du Souper, Jean-Claude Brisville finalise l’adaptation de la pièce L’Officier de la garde signée par l’écrivain hongrois Ferenc Molnàr (également l’auteur de Liliom ) montée par Jean-Pierre Miquel à la Comédie des Champs-Élysées avec Robin Renucci (Nandor) et Ludmila Mikaël (son épouse). Jean-Claude Brisville aimait particulièrement cette pièce et ce dramaturge, ignoré de nos jours, qui fut l’une des figures de proue de son époque. L’indifférence du public français pour cette pièce demeurera l’une de ses plus grandes déceptions.

"Le Souper". Maquette originale du décor d'André Acquart. Collections A.R.T.

« L’Antichambre »

Il ne manquait que le XVIIIe – son siècle préféré – un portrait de madame du Deffand lui permet de concrétiser le souhait de l’une de nos plus grandes comédiennes, Suzanne Flon :
« Une réflexion de cette femme cynique et athée, qui avait vécu sa jeunesse sous la Régence, m’a particulièrement inspiré. Elle parle du malheur d’être née. On dirait du Cioran. Ce rôle je l’ai écrit pour Suzanne Flon que j’aimais beaucoup. Elle était trop discrète pour me le demander mais je savais qu’elle espérait que je pense à un rôle pour elle. Je me suis souvenu de trois lignes que j’avais lues en classe de troisième dans mon manuel de littérature française. On y parlait des salons au XVIIIe siècle et de cette madame du Deffand qui tenait un salon réputé et qui, devenue aveugle, a pris comme lectrice Julie de Lespinasse et puis elles se sont fâchées quand les philosophes ont pris l’habitude de s’attarder chez Julie… je ne sais pas pourquoi, alors que j’étais très loin du théâtre, ces quelques lignes m’étaient restées. Là, il y avait peut-être un sujet pour Suzanne. Quelque temps après, je vais au musée Carnavalet, sans aucune arrière-pensée simplement, parce que j’aime cet endroit, et je tombe sur un pastel de madame du Deffand par Carmontelle. J’ai eu l’impression que le profil de Suzanne venait s’inscrire parfaitement dans celui de madame du Deffand : une figure un peu sèche, un nez un peu pointu. Ça m’a conforté dans mon idée de travailler sur ce sujet et rentré à la maison, je téléphone à Suzanne pour lui proposer. Mais avant de commencer, je l’ai prévenue que madame du Deffand n’était pas une femme bonne. Elle m’a répondu : vous ne savez pas le plaisir que vous me faites, j’en ai tellement assez, surtout dans les films, de garder les enfants et de beurrer les tartines. Écrivez-moi une méchante. » (12)

L’Antichambre, montée par l’incontournable Jean-Pierre Miquel à l’Atelier en 1991 est, encore une fois, plébiscitée par le public et saluée par la presse. Emmanuelle Meyssignac campe Julie et Henri Virlojeux, le président Hénault.

Trois siècles, trois langues singulières en trois pièces. Un jour où je l’interrogeais sur cette apparente facilité avec laquelle il passait de l’une à l’autre, il me répondit : « Je n’ai aucune peine, je n’ai pas fait d’études de français particulières. Je ne suis pas un universitaire. Je n’ai pas étudié particulièrement la langue du XVIIe et du XVIIIe. Sans que je m’explique comment, je me sens parfaitement à l’aise dans cette langue. Je n’ai pas besoin de recourir à un dictionnaire. Comment ? Je vous dirai franchement, je n’en sais rien… Je n’ai pas non plus fréquenté systématiquement les auteurs de ces époques. Mais quand j’écris, je n’ai aucun problème de style, aucun problème de langage. Ce qui me poserait plutôt un problème, c’est le langage contemporain. J’ai écrit peu de pièces en langage d’aujourd’hui. Je serais incapable d’écrire un dialogue entre un chauffeur de taxi et un conducteur d’autobus. Tandis que faire parler Descartes et Pascal (L’Entretien), Madame du Deffand et sa nièce Julie de Lespinasse (L’Antichambre) ou Talleyrand et Fouché (Le Souper) ne me pose aucune difficulté. » (13)

Ces trois pièces emblématiques de l’œuvre de Jean-Claude Brisville – un triptyque – mettent enfin en exergue le style Brisville :  L’Histoire n’est pas seulement introspective, elle lui permet de jouer avec la langue de chacun de ses personnages. La langue- maîtrisée, gourmande, brillante, sarcastique – participe pleinement de l’action dramatique, elle est l’action dramatique.

Dernières pièces

Son ultime pièce présentée dans un théâtre, La Dernière salve en 1995 au Montparnasse dans une mise en scène de Marcel Bluwal, confronte Napoléon (Claude Brasseur) à son geôlier, Hudson Lowe (Jacques François) lors de son emprisonnement à Longwood House. La presse est mitigée, elle souligne la vivacité des dialogues mais déplore trop d’arguties stratégiques.

Pour celui qui affirmait que tant qu’il vivrait, il écrirait et réciproquement (14), malgré le chagrin de certains échecs, L’EntretienLe Souper et L’Antichambre seront repris régulièrement, il était impensable de ne plus écrire pour le théâtre. En 2007 sort son dernier recueil au titre évocateur : Sept comédies en quête d’acteurs. En quatrième de couverture, il rédige un petit texte en forme de supplique :

« Aucune n’a encore eu la chance d’être jouée. Elles n’en existent pas moins sur le papier, comme a existé, par exemple, Le Souper (…) Le tout est au départ d’être lu et aimé par quelques personnes qui peuvent décider de leur destin. »

Il aurait voulu que sa dernière pièce soit un dialogue entre deux gisants, madame Récamier et Chateaubriand, mais sa persévérance se déroba devant la somme de travail exigée : « Une pièce de théâtre demande un tel investissement physique, qu’il faut tenir une forme de jeune homme. J’ai senti que je n’avais plus l’énergie nécessaire pour donner à cette confrontation la force qu’elle réclamait. Cependant je ne me résigne pas à ne pas écrire. Dans mon dernier recueil de pièces, Sept comédies en quête d’acteurs, il y a trois pièces auxquelles je tiens particulièrement qui traitent des rapports de Marcel Proust et de Céleste Albaret, de Tchekhov et de sa femme Olga et enfin de la rencontre improbable entre Robert Houdin et Georges Méliès. Certainement ma pièce la plus personnelle sur ma propre enfance… » (15).

Jean-Claude Brisville nous a quittés le 11 août 2014 – il était chevalier de la Légion d’honneur et officier des Arts et des Lettres. Il ne se considérait pas comme un grand auteur arguant qu’il n’avait pas créé de langue mais comme un héritier qui n’avait pas dilapidé son héritage. (16) Pourtant à y regarder de plus près cette assertion vacille : il a créé une langue théâtrale nouvelle alliant les singularités sémantiques d’une époque révolue à un langage perceptible pour chaque spectateur.

 

(1) et (2) Première rencontre et premier entretien avec Jean-Claude Brisville pour le journal Rappels, janvier 2008.
(3) Jean-Claude Brisville, Rien n’est jamais fini, Éditions de Fallois, Paris, 2009, p.10
(4) Rappels, mars 2008
(5) José Moselli (1882-1941) était un auteur de romans d’aventures pour la jeunesse extrêmement populaires. Propos rapportés par François Busnel, L’Express, mars 2006.
(6) Rappels, mars 2008
(7) Jean-Claude Brisville me répétait souvent qu’il regrettait que cette pièce figurât dans sa bibliographie.
(8) Rappels, mars 2008
(9) Conversation avec Jean-Claude Brisville, printemps 2010
(10) Rappels, mars 2008
(11) Entretien avec François Busnel déjà cité
(12/13) Rappels, mars 2008
(14) Rien n’est jamais fini, Editions de Fallois, Paris, 2009, p.95
(15/16) Rappels, mars 2008

Œuvres dramatiques

1946 – Les Emmurés
1955 – Saint-Just
1970 – Le Rôdeur – Nora – Le Récital
1982 – Le Fauteuil à bascule
1983 – Le Bonheur à Romorantin
1985 – L’Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune
Les Liaisons dangereuses (adaptation de la pièce de l’auteur anglais Christopher Hampton d’après le roman épistolaire de Choderlos de Laclos)
1986 – La Villa bleue
1989 – Le Souper
1990 – L’Officier de la garde (adaptation de la pièce de l’auteur hongrois Ferenc Molnàr)
1991 – L’Antichambre
1993 – Contre-jour
1995- La Dernière Salve

2007 – Sept comédies en quête d’acteurs Pièces de théâtre éditées (Pièces de théâtre éditées mais non jouées) :

– Le Feu aux poudres
– Ninon
– La Chambre de liège
– Olga
– Alice for ever
– À Travers la cloison
– Deux enfants dans la lune